Les Suds font la Fiesta

Deux soirées de concerts extraordinaires dans la chaude ambiance de la “fiesta des suds”, un festival marseillais des plus colorés et des plus animés…

Fiesta des Suds 2005«Un jour tu verras…»

Un jour tu verras, le Monde sera Beau comme une Fiesta renaissant de ses cendres. Elle a 14 ans et ressemble à notre univers, mélangé, mixte et divers, où toutes les musiques de notre planète sont à écouter et danser…

Où donc, en quel autre ville que Marseille pourrait se dérouler un festival intitulé la Fiesta des Suds ? Lieu de métissage et terre de rencontres, la cité phocéenne accueille depuis 14 ans ce rendez-vous de toutes les cultures du sud qu’elles soient méditerranéennes, africaines, antillaises, latinos… On y trouve un restaurant (pour charmer les narines et les papilles, et se régaler de plats venus tout droits d’Afrique et d’Orient), un espace d’exposition (pour le plaisir des yeux !), et surtout, des lieux de concert pour les oreilles ! «Un Dock en effervescence comme un hommage aux 5 sens…»

Malgré l’incendie dévastateur du Dock des Suds en septembre dernier, l’édition 2005 a pu avoir lieu tout autour des Docks, avec notamment l’aménagement d’une salle couverte de 5 000 places située… sous la passerelle autoroutière ! C’est en ce lieu insolite que j’ai assisté à deux grandes soirées musicales.

Samedi : de Dakar à Bamako

Une soirée incroyable aux couleurs de l’Afrique avec trois artistes qui sont trois légendes vivantes du continent !

  • Djelimady Tounkara : le “guitar hero” africain
Djelimady Tounkara

Djelimady Tounkara

Issu du Super Rail Band de Bamako par lequel sont aussi passés Mory Kanté et Salif Keïta, Djelimady Tounkara est un guitariste soliste d’exception. Né à Kita (Mali), descendant d’une famille de griots et de musiciens, il s’est forgé dès le milieu des années 70 un style unique, inimitable. S’inspirant de la tradition, il a modernisé et adapté à la guitare la kora et le n’goni, instruments qui accompagnent depuis des siècles les grandes épopées mandingues.

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Djelimady Tounkara – Ikadigne
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Intégrant les influences arabo-andalouses, cubaines à une musique ancrée dans un terroir et une culture d’une grande richesse, il joue avec une puissance, un phrasé, un swing, un sens de l’improvisation, une technique qui font de lui l’un des plus grands guitaristes du continent africain et bien au-delà.

Sur la scène qu’il partage avec ses musiciens, danseurs et autres choristes, le grand Djelimady incarne la force tranquille…

  • Doudou N’Diaye Rose : le magicien percussionniste
Doudou N'Diaye Rose

Doudou N’Diaye Rose

Véritable ambassadeur culturel de son pays (le Sénégal), Doudou N’Diaye Rose est aujourd’hui considéré comme un des grands musiciens de ce siècle. Dépositaire de la tradition mais aussi innovateur infatigable, ce virtuose de la percussion est désormais perçu comme un véritable chef d’orchestre à l’image des grands chefs d’orchestre symphonique (il dirige des formations de 20 à 100 musiciens).

Passionné de sons, d’harmonies, il aime à faire sonner son groupe comme une monumentale machine rythmique qu’il contrôle de mains de maître, dirigeant à la baguette (comme un magicien !) ses musiciens avec une autorité et un charisme incontestables. Il tisse d’incroyables superpositions de figures rythmiques, complexes et insaisissables, qui parviennent à nos oreilles comme une sorte de mélodie fabuleuse. Il construit de véritables symphonies aux tambours. Dans un spectacle avec Doudou N’Diaye Rose, il y a autant à voir qu’à écouter…

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Doudou N'Diaye Rose
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Sous la passerelle, le malicieux Doudou a fait le show accompagné d’une douzaine de percussionnistes au sabar (djembé qu’on frappe avec une baguette en bois). Allumant le feu d’un geste de baguette à la Harry Potter, le vieil homme (il a 75 ans !) a dirigé, frappé, dansé, sauté comme un cabri pendant une bonne heure… Et les sabar ont résonné longtemps après son passage au dock !

  • Salif Keïta : la voix d’or de l’Afrique
Salif Keita live !

Salif Keita live !

Salif Keïta est un artiste généreux dont le parcours est marqué par un remarquable mélange des genres musicaux qui séduit les publics du monde entier. Sans jamais perdre de vue ses racines les plus profondes, ce prince mandingue n’a de cesse de construire un pont entre l’Afrique et le reste du monde, mais aussi entre les différentes cultures africaines.

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Salif Keita - Madan
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Derrière l’artiste se cache un être discret et sensible, qui communique assez peu avec son public entre les chansons. Accompagné par un grand ensemble dans lequel on retrouve toute l’exigence et la multiculturalité de l’artiste, Salif se contente d’envoûter la foule par sa voix unique, et nous enchante…

Après ces trois légendes et au bout de quatre heures de concert, je suis rentré fourbu, mais habité par la chaleur de cette belle, formidable soirée africaine…

Dimanche : Sinse !!

  • Sinsemilia : la découverte
Sinsemilia

Sinsemilia

Je fais partie de ceux qui ont découvert Sinsemilia en 2005 grâce à Tout le bonheur du monde, diffusé en boucle sur toutes les radios. Relativement ignoré des médias, le groupe grenoblois existe pourtant sur les scènes de France depuis 1990. Au fil des ans, la bande de potes de “Sinsé” est devenue une véritable famille. Un état d’esprit qui se retrouve sur scène, où s’instaure un véritable dialogue avec le public grâce à Mike (le chanteur et guitariste qui se pose en porte-parole du groupe), et où tout vire très vite à la fête populaire.

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Sinsémilia - De quoi
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Privilégiant le spectacle avant tout, Sinsémilia revendique son statut de “groupe de scène” et s’est spécialisé dans un reggae énergique (guitare, percus, claviers et cuivres) par lequel il tente de diffuser un message de paix et de tolérance, avec des textes pas toujours politiquement corrects (“Bienvenue en Chiraquie / Démocratie s’fait monarchie, t’étonnes pas si ça chie…”).

Un bande de joyeux fous furieux, capables de faire exploser une salle, puis de demander au public de s’assoir pour une partie plus posée… J’ai acheté dans la foulée leur dernier album, qui est vraiment excellent. Mais pour découvrir vraiment Sinsemilia, il faut aller les voir en concert !

Un jour tu verras, on se rencontrera à la ‘Fiesta’, toi buvant de l’anis étoilé, moi écoutant tous les artistes invités. Un jour tu verras, en 2005, Djelimady Tounkara, Doudou N’Diaye Rose, Salif Keïta, Sinsemilia…, et tant d’autres choisiront la ‘Fiesta’ pour présenter en avant-première leurs derniers spectacles.
Aujourd’hui, tu as vu ! Un jour d’octobre, tu seras heureux…