La belle fille sur le tas d’ordures

Avec ce recueil de chroniques parues à la fin des années 90, Cavanna livre une vision décapante et sans concessions de notre civilisation irresponsable, qui ne cesse de saccager son environnement…

Présentation de l’éditeur

la-belle-fille-sur-le-tas-d-orduresNotre civilisation est une belle fille sur un tas d’ordures. Le tas d’ordures, ce sont les poubelles nucléaires, la pollution des fleuves, les forêts détruites, mais aussi la misère d’une grande partie de la planète, exclue de la prospérité. Et puis encore le cynisme, l’hypocrisie, l’inconscience criminelle des uns et des autres… De la vivisection au Paris-Dakar, de la couche d’ozone à la chasse à courre, de Mururoa au Rainbow Warrior, l’auteur des Ritals, chroniqueur mordant de Charlie-Hebdo, s’en prend aux pollueurs et aux irresponsables avec une verve qui n’épargne pas non plus les “écolos” professionnels.

Ne serait-ce que pour sa manière de se servir de son stylo à la façon d’un lance-flammes, on le classerait plutôt parmi les pyromanes.

Moi, c’que j’en dis…

Je connaissais Cavanna comme ça, au travers de quelques chroniques bien acides lues dans Charlie Hebdo, mais je ne voyais pas en lui un militant écologiste de la première heure. Ce bouquin est un véritable brûlot, politiquement incorrect au possible, écrit avec un cynisme d’une verve incroyable. Sur ce plan-là, j’ai retrouvé chez Cavanna quelque chose de l’ami Desproges, un même enthousiasme épistolier pour hurler sa colère ou sa haine, le même don lorsqu’il s’agit de brocarder les cons et les puissants ! Lecture jubilatoire, dont voici un extrait…

Merde. J’étais parti pour vous parler des Verts dans la joie et l’allégresse, va savoir comment ça s’ est fait, j’ai dérapé encore un coup, je finis dans la tristesse et dans le caca !… Mais faites-moi confiance, le jour où je pourrai vous annoncer que les États riches ont accepté d’un commun accord de se priver de dessert pour que les États faméliques mangent à leur faim, que le pape et les imams ont accepté que des mesures draconiennes soient prises contre la surpopulation galopante, que la forêt regagne du terrain, que les éléphants, les baleines, les pingouins, les rhinocéros et les oiseaux de paradis sont en expansion, que les ours et les vautours ont réapparu dans les Pyrénées et le Massif Central, que le vélo est encouragé et l’automobile interdite, que les Touareg ont foutu le feu aux ignobles bagnoles bariolées du « Paris-Dakar », que les fabricants d’eau minérale ont fait faillite, que les indigènes de Seine-et-Mame ont fait sauter Disneyland et sodomisé Mickey Mouse sur la place publique, que les élèves des écoles et des lycées ont jeté les postes de TV et les transistors par la fenêtre pour protester contre les programmes débiles et la publicité qui les prend pour des cons… Ce jour-là, croyez-moi, je vous ponds un papier d’un optimisme délirant, je serai gai, gai, gai, et même hilare, et même convulsé de joie ! Vous verrez. (François Cavanna, La belle fille sur le tas d’ordures)

Le plus dingue – et le plus effrayant –, c’est que ces chroniques sont parues dans un magazine écologiste militant à la fin des années 90, et que la plupart restent d’une actualité terrifiante. Non, monsieur Cavanna, la planète ne va pas mieux. Mais puisse votre livre contribuer à une prise de conscience de tous nos cons-citoyens !