Charlie catharsis (1) : le massacre

Suite au massacre du 7 janvier 2015 dans les locaux de Charlie Hebdo, j’ai mis plusieurs semaines à refaire surface, à retrouver de la sérénité, et à reprendre le cours de mon existence. Ceci est donc à la fois un récit personnel de l’après-Charlie, et une manière d’avancer.

Préambule

J’ai été un lecteur plutôt occasionnel et très irrégulier de Charlie Hebdo au cours des dix dernières années. Je l’achetais de temps en temps, lorsque je prenais le train, ou le temps d’aller au bureau de presse le week-end. J’avais évidemment acheté les numéros événements («C’est dur d’être aimé par des cons » et le hors-série « Charlie blasphème » en 2006, le “Charia Hebdo » de novembre 2011, ou le double numéro journal responsable/journal irresponsable de septembre 2012).

Depuis un an, j’avais acheté le numéro hommage à Cavanna (en janvier 2014) et le hors-série de l’été 2014 « Pour en finir avec la famille »… les seuls que j’ai conservés. J’étais donc « un peu Charlie, mais pas trop ».

Pourtant, ce 7 janvier 2015, j’ai eu l’impression de perdre des copains, des proches, des gens de ma « famille », celle des humanistes et des pacifistes. Et quelque chose s’est effondré autour de moi, avec encore plus de bruit que les tours du 11 septembre 2001.

Pour réussir à dépasser le traumatisme psychique post-Charlie, j’ai eu besoin de me souvenir de ce que j’avais vécu et ressenti tout au long des jours et des semaines qui ont suivi les attentats de janvier 2015. Je me suis replongé dans tout ce qui m’avait aidé à avancer, soigneusement mis de côté : des dessins bien sûr, mais aussi des articles, des photos, des liens, des mails… et surtout, de précieux moments partagés, avec des amis, avec ma compagne et ma fille.
Et comme je ne dessine pas… j’ai écrit pour tenter de relier tout ça.

Le terme catharsis m’est venu assez spontanément alors que j’ai commencé à écrire les premières lignes de ce texte. Et même si on ne parle évidemment pas du même traumatisme, j’ai souri en apprenant que ce serait également le titre choisi par Luz pour son prochain album, annoncé pour le 21 mai, aux éditions Futuropolis.

Charlie catharsis (1) : le massacre

catharsis (psychologie) : thérapie utilisant l’extériorisation des traumatismes vécus.
(Source : Wiktionnaire)

mercredi 7 janvier 2015, 11h45

Après avoir raccompagné mes élèves vers la sortie en leur souhaitant un bon après-midi, je remonte faire un peu de rangement dans ma classe. Comme souvent, je suis seul à l’école. Je lance un peu de musique depuis mon ordinateur, tout en jetant un œil rapide et machinal sur les sites d’actualité.

Je lis : Tirs au siège de Charlie Hebdo : des victimes, selon le dessinateur Luz. Impossible évidemment d’imaginer l’ampleur du carnage qui s’est joué quelques minutes plus tôt. Et puis tirs, fusillade, victimes… ça ne veut pas forcément dire des morts.
J’ai tout de même une pensée pour Charb’, le porte-étendard de l’esprit Charlie. Dans la minute suivante, je coupe la musique pour basculer sur iTélé… et dans l’horreur.

Le dernier dessin d'Honoré...
Le dernier dessin d’Honoré…

Les victimes deviennent des blessés graves et des morts encore anonymes, dont le nombre ne cesse de grimper. Avec la télé en fond sonore, je zappe de site d’info en fil Twitter pour savoir qui, quoi, pourquoi… pour comprendre… Je tombe avec étonnement sur le compte Twitter de Charlie Hebdo, sur lequel un dessin d’Honoré a été publié à… 11h28. Quelques minutes (secondes ?) avant les tirs.
“Et surtout la santé…”

Au fi des minutes et des infos, je commence à prendre conscience de la macabre réalité qui vient de nous tomber sur le coin de la gueule.

Le premier nom qui tombe est celui de Cabu… Pas possible. Cabu putain ! Les autres suivent : Charb’, Wolinski, Tignous, Honoré, tous les dessinateurs historiques… Douze personnes tuées en tout, plus une dizaine de blessés. Ce n’est plus une fusillade, c’est un massacre.

Quelques mails échangés avec des proches m’aident à me sentir un peu moins seul (je suis resté à l’école), et à réaliser que la sidération et la tristesse sont partagées.

Comme je dois récupérer ma fille, j’hésite d’abord à accepter la proposition d’une amie de se retrouver au rassemblement prévu sur le Vieux-Port à 18 heures. Le temps de rentrer à la maison, de prendre poussette et biberon, de passer chez la nounou… nous voilà partis en famille pour le Vieux-Port. J’ai embarqué aussi avec moi le gros recueil “Charlie Hebdo – les 1 000 Unes ». Un peu lourd, mais un symbole que je suis fier de porter et de brandir ce soir-là…

mercredi 7 janvier 2015, 18h30

Juste avant d’arriver dans le parking de la Criée, sur France Inter, Philippe Val vient témoigner de sa peine et faire partager son émotion avec une sincérité bouleversante.

Je vais très mal… mais c’est normal, non ? J’ai perdu tous mes amis aujourd’hui… C’était des gens tellement vivants…

Et en rappelant les mots d’Elisabeth Badinter lors du procès des caricatures : « Il ne faut pas que ce soit le silence qui gagne.»

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Sur le quai en direction du Vieux-Port, un couple de motards prend le temps de se fixer une page « Je suis Charlie » dans le dos. L’image est née dans l’après-midi sur les réseaux sociaux.

Puis comme nous, et tant d’autres, ils se joignent au rassemblement sur la grande esplanade, entre l’ombrière et la grande-roue, au pied de la Canebière.

C’est ici, en matinée le plus souvent, que débutent les manifestations des mouvements sociaux, avec banderoles, musique, gouaille des participants et revendications au mégaphone.
Ce 7 janvier, l’ambiance est toute différente : la nuit est tombée, et c’est plutôt un murmure digne et solennel qui s’élève de la foule. Pas de cris, pas de rires, des mines graves et des larmes aux yeux. De temps en temps, un mouvement d’applaudissements ou de voix scandant « Charlie, Charlie » se propage à travers la foule, avant que le silence ne revienne.

Marseille Vieux-Port, le 7 janvier au soir
Marseille Vieux-Port, le 7 janvier au soir

Mon Charlie et moi avons les honneurs d’une photographe du Club Presse Marseille Provence, avec une publication sur Facebook (Karine se retrouvera sur Twitter !)

Des bougies ont été allumées ici ou là. Nous avons retrouvé des amis. En passant sous l’ombrière, ma fille lève les yeux en montrant le reflet et dit : « ils sont tous là les gens… », comme si elle comprenait ce besoin de se retrouver et d’être ensemble.

Cette veillée nocturne n’est pas encore un apaisement, mais c’est un réconfort.

De retour à la maison, pour encore tenter de comprendre, je regarde en ligne une émission réunissant plusieurs représentants de médias amis « Pour Charlie Hebdo – Pour la liberté, contre la haine ». L’émission présentée comme une « veillée campagnarde » est animée par Edwy Plenel (Mediapart) et Frédéric Bonnaud (Les Inrocks). Parmi les participants, Daniel Schneidermann (@rretsurimages), Denis Siffert (Politis) ou Hervé Kempf (Reporterre), que je lis régulièrement.

A chaud, les intervenants évoquent leurs souvenirs de Charlie et leurs liens avec les disparus du jour. Certains sont déjà dans l’analyse, malgré le manque de faits et de certitudes à cette heure-ci. L’une des rares femmes sur le plateau, Sonia Kronlund (France Culture) rappelle quelques mots du message envoyé par Jens Stoltenberg, le premier ministre norvégien après la tuerie d’Utoya du 22 juillet 2011 :

J’ai un message pour celui qui nous a attaqué et pour ceux qui sont derrière tout ça : vous ne nous détruirez pas. Vous ne détruirez pas la démocratie et notre travail pour rendre le monde meilleur. (…) Nous allons répondre à la terreur par plus de démocratie, plus d’ouverture et de tolérance.

jeudi 8 janvier 2015, 8h30

La veille, par réflexe, j’étais rentré de l’école dans l’après-midi avec une pile de cahiers à la maison, que je n’ai évidemment pas touchés.
Je suis reparti ce mardi matin en traînant les pieds après une sale nuit, j’ai juste pris le temps d’afficher “Je suis Charlie” sur les écrans des ordinateurs en fond de classe avant que la journée ne démarre… Une journée de deuil national, comme l’a annoncé le président la veille.

En classe, je me suis assis à une table avec mes élèves, et je leur ai proposé un temps de parole autour de ce qu’ils avaient entendu des événements de la veille : ce qu’ils savaient, ce qu’ils avaient compris et ce qui les questionnait. Je ne me voyais pas démarrer la journée autrement, ni leur demander de se mettre au travail comme si rien ne s’était passé. « Faire classe » me semblait si dérisoire ce jeudi-là…

Quelques élèves ont pris la parole, je ne suis intervenu que pour corriger les faits.
Une seule parole m’a réellement mis mal à l’aise : « S’ils ne s’étaient pas moqué des Musulmans, ils seraient encore vivants aujourd’hui ». Ce n’était pas complètement faux, je n’ai rien trouvé à répondre sur le moment. J’ai pensé aux paroles de Charb, “je préfère mourir debout que vivre à genoux” mais je me voyais pas développer ça avec les élèves…

Dans ma classe j’encourage bienveillance et respect au quotidien, et je tente de condamner la moquerie, à l’origine de multiples conflits qui parasitent les apprentissages. Mais ce matin-là, c’était compliqué d’expliquer que la moquerie peut être aussi saine et nécessaire… quand elle est satire ou caricature, qu’elle s’attaque à des idées, des comportements, des pouvoirs…

Alors j’ai juste rappelé que ces gens étaient morts parce qu’ils avaient dessiné, et que leurs dessins avaient déplu. Et insisté (déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 au tableau à l’appui) sur la liberté d’expression, qu’ils avaient le droit de penser, de dire, d’écrire ce qu’ils pensent…

Art. 11. La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi. (source : service-public)

J’ai mis un terme à ce temps d’échange au bout d’une trentaine de minutes environ, en leur montrant quelques-uns des premiers dessins réalisés en hommage aux victimes, parmi les très nombreux qui circulaient sur la toile.

Et puis je leur ai demandé de sortir… leurs carnets de dessins. Pour dessiner, dessiner, et encore dessiner. Sans consigne particulière. Alors certains ont refait des dessins qu’ils avaient vu à la télé, beaucoup ont dessiné un gros “JE SUIS CHARLIE”, d’autres encore ont fait tout autre chose… Je ne suis pas sûr de leur avoir proposé autre chose ce matin-là.

jeudi 8 janvier 2015, 13h

Je suis vite rentré à midi pour manger. J’avale surtout… de l’info en continu, sur iTélé. Le temps de revoir en boucle le rappel des faits, jusqu’à l’arrivée de Patrick Pelloux, invité sur le plateau de Bruce Toussaint. Le plus célèbre médecin urgentiste de France est également chroniqueur à Charlie. Ce mercredi-là, à l’heure de l’attaque, il n’était pas à la conférence de rédaction, retenu en réunion avec des pompiers. Alerté par un membre de la rédaction, il est arrivé le premier sur les lieux pour découvrir tous ses amis à terre… La détresse et l’empathie de cet homme brisé me laissent sans voix.

A 13h30, temps de recueillement à l’école : une minute de silence, suivi d’une minute d’applaudissements. Je ne suis pas sûr que les petits de 6 ans mesurent la gravité de l’instant et lui donnent du sens, mais j’espère qu’ils comprennent un peu mieux le mot « ensemble ».

jeudi 8 janvier 2015, 20h

Les chaînes d’info continue n’ont jamais aussi bien porté leur nom. Après le 20h de France 2, je zappe entre iTélé et BFM, tout en naviguant simultanément sur les sites d’info, Google Actu, Libé, Le Monde, Twitter…
Karine fait la même chose de son côté, et retrouve un échange extrait du film Le nom de la Rose, entre frère Guillaume et frère Jorge, qui a mis sous clé le tome II de la poétique d’Aristote, consacré à… la comédie.

Frère Guillaume de Baskerville – Vénérable Frère, bien des livres parlent de la comédie. Pourquoi celui-ci vous emplit-il d’effroi?
Frère Jorge de Burgos – Parce qu’il est d’Aristote.
Guillaume – Mais qu’y a-t-il de si inquiétant dans le rire ?
Jorge – Le rire tue la peur. Et sans peur, il n’est pas de foi. Car sans la peur du Diable, il n’est plus besoin de Dieu.
Guillaume – Mais vous n’éliminerez pas le rire en éliminant ce livre.
Jorge – Non, certes. Le rire restera le divertissement des simples. Mais qu’adviendrait-il si, à cause de ce livre, l’homme cultivé déclarait tolérable que l’on pût rire de tout ? Pouvons-nous rire de Dieu ? Le monde retomberait dans le chaos.
Ainsi donc, je scelle ce qui ne devait pas être dit dans la tombe que je deviens.

Un peu plus tard dans la soirée, je reçois par mail le témoignage de Sophie, une amie enseignante en lycée, qui partage son ressenti et raconte sa difficile confrontation avec les élèves de sa classe de seconde. Comme de nombreux enseignants (surtout au collège ou au lycée), elle a entendu quelques-unes de ces phrases terribles comme « Oui mais quand on cherche, on trouve ! … » , « Ils se sont moqués, ils l’ont un peu cherché »… ou encore, « C’est bien la liberté d’expression MAIS ils sont allés trop loin »

Après avoir lutté, essayé d’expliquer ce que signifient des mots comme laïcité, fanatisme, liberté d’expression, satire, ou ce qu’est Charlie Hebdo… elle a quitté le cours au bout de quarante minutes, submergée par l’émotion.

vendredi 9 janvier 2015, 12h

J’ai traversé une nouvelle matinée d’école difficile : mes élèves n’y étaient pour rien, mais je n’étais pas vraiment là. La plupart d’entre-eux ont la chance d’être déjà passés à autre chose, et ils ont réclamé leur temps de travail personnel pour continuer à valider leurs ceintures de compétences…

Je retrouve ma fille à midi. Je profite de sa sieste pour découvrir la chronique matinale de l’immense François Morel, diffusée à l’aube sur France Inter. Pleurs et rage.

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François Morel - Lettre à Patrick Pelloux
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Lettre à Patrick Pelloux, mon ami.

Depuis deux jours, je n’arrête pas de penser à toi et à ta douleur. A ce coup de fil que je t’ai passé ce mercredi vers midi et à cette voix que tu avais quand tu m’as fait comprendre l’exacte degré de l’horreur et de la détresse que tu traversais.
Patrick, j’ai juste trois minutes pour te dire que je t’aime, comme un frère, comme un ami.
Je voulais te remercier de m’avoir fait rencontrer Charb et Cabu. Charb et Cabu avaient des têtes d’enfant. Des enfants espiègles, farceurs, rieurs et tendres. Féroces bien sûr, mais juste par le dessin. Leurs seules armes étaient leurs crayons.
Patrick, je sais bien que je dis des banalités. Mais qu’est-ce que je pourrais dire d’autre ?
Si : des souvenirs de conversation avec Charb. Il nous raconte qu’un soir, il monte dans un taxi. Le chauffeur, barbu, le reconnaît.
« Vous êtes le type de Charlie Hebdo ?
– Oui.
– Descends tout de suite. »
Le chauffeur, barbu, ameute ses collègues, leur dit de ne pas le prendre, que c’est le salaud de Charlie-Hebdo. La panique de Charb qui part en courant. La violence des taxis, barbus. Ces comportements existent en France. Doit-on les banaliser ? Est-ce qu’on ne s’est pas habitué petit à petit à l’ignominie ? A l’insupportable.

Charb nous confiait aussi que certains kiosquiers, barbus, s’arrangeaient pour ne jamais vendre Charlie Hebdo, que dès le mercredi matin ils répondaient aux clients qui le réclamaient qu’ils n’en avaient plus. Les exemplaires du journal étaient mis dans un coin puis redonnés tels quels. Jusqu’à ce qu’on décide de ne pas réapprovisionner ces kiosques. Vu que ça ne servait à rien. Est-ce qu’on ne s’est pas habitué petit à petit à l’abjection, à la crapulerie ?
Aujourd’hui, sur les réseaux sociaux, on peut lire des messages abjects. Certains se réjouissent de la mort de nos amis assassinés. L’appel au meurtre est-il un délit en France ? Est-ce qu’on va encore supporter longtemps ces paroles de haine, de brutalité, de sauvagerie ?
Est-il tolérable qu’en France, un chauffeur de taxi se permette de chasser un client de sa voiture, un kiosquier refuse de diffuser un journal, des salauds sur le net appellent au meurtre ?

Patrick, je pense à toi. Je pense à ce que Julos Beaucarne avait écrit la nuit juste après l’assassinat de sa femme par un déséquilibré.

Sans vous commander, je vous demande d’aimer plus que jamais ceux qui vous sont proches. Le monde est une triste boutique, les cœurs purs doivent se mettre ensemble pour l’embellir, il faut reboiser l’âme humaine. Je resterai sur le pont, je resterai un jardinier, je cultiverai mes plantes de langage. En attendant, à vous autres, mes amis d’ici-bas, face à ce qui m’arrive, je prends la liberté, moi qui ne suis qu’un histrion, qu’un batteur de planches, qu’un comédien qui fait du rêve avec du vent, je prends la liberté de vous écrire pour vous dire ce à quoi je pense aujourd’hui : je pense de toutes mes forces, qu’il faut s’aimer à tort et à travers. (Julos Beaucarne)

Je pense à mon ami Michel qui, hier me laisse un texto au sujet de Simon, le neveu de sa compagne qui depuis deux ans travaillait à Charlie Hebdo, « François, je crois que c’est Patrick Pelloux qui a sorti notre Simon de l’enfer. Que tous les hommes humains le remercient et lui soient reconnaissants ! Pleurs et rage. »
Pleurs, et rage.

Ce vendredi matin, moins de 48 heures après l’attaque, les survivants de Charlie Hebdo se retrouvent dans les locaux de leurs amis de Libération, qui les avaient déjà accueillis après l’incendie de 2011. La conférence de rédaction se tient dans la salle du hublot : il est temps de commencer à préparer le prochain numéro, qui sortira comme prévu le mercredi suivant. Évidemment, c’est Libé qui raconte.

Je découvre à cette occasion Gérard Biard, le rédacteur en chef de Charlie Hebdo, survivant lui aussi, car il était en déplacement à Londres. Avec un message clair, entre émotion et colère froide.

Je voudrais juste dire une chose à tous les élus, à tous les représentants politiques, à tous les médias, à tous les intellectuels, j’espère que plus jamais, plus jamais, on nous traitera de laïcards intégristes. Que plus jamais on n’utilisera le même mot – intégriste – pour parler des assassins et des victimes. On défend l’humour, on défend la liberté d’expression, mais on défend par-dessus tout la laïcité. C’est surtout ça qui a été attaqué. (…)
Il faut avoir conscience que la laïcité c’est peut-être la première valeur de notre république. Parce que sans elle, la liberté, l’égalité et la fraternité, c’est pas possible.

C’est aussi ce vendredi, en début d’après-midi que débute la prise d’otages de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, alors que les frères Kouachi se sont retranchés dans une imprimerie de Seine-et-Marne. Je suis le développement à la télé jusqu’à la confusion des deux assauts quasi-simultanés, vers 17h45… Les trois terroristes sont abattus. En trois jours, ils ont tué 17 personnes.

Les 17 victimes des attaques des 7, 8 et 9 janvier
Les 17 victimes des attaques des 7, 8 et 9 janvier 2015