J’ai rencontré Patrick Baronnet à l’occasion du festival Sciences Frontières. C’est un personnage surprenant, passionné, généreux, très simple… Spécialiste de l’habitat écologique autonome, c’est aussi et surtout un fervent partisan de l’économie solidaire. Philou vous dresse le portrait du bonhomme.
Un être libre
Patrick Baronnet est un écologiste décroissant de la première heure qui présente ses réalisations en matière d’autonomie énergétique, d’auto-construction et d’indépendance générale au système marchand.
M.Baronnet a marqué les esprits, tant par la conviction qu’il mettait dans ses interventions, que par le décalage qu’il peut représenter avec notre société ultra-consommatrice.
Pour vous camper le personnage et sa petite tribu, monsieur Baronnet et madame ont entrepris il y a 30 ans de se soustraire du système productiviste et marchand en tentant de développer leur autonomie tous azimuts. Mme Baronnet est alors harpiste et Monsieur est prof d’éducation physique.
Pour ce faire, ils quittent la banlieue parisienne et viennent s’installer en Bretagne agricole dans une vieille bâtisse qu’ils entreprennent de rénover. Leur objectif est d’être le plus autonome possible et d’avoir une empreinte écologique minimale.
La suite c’est une quête, un apprentissage sur de longues années où l’on remplace le compteur EDF par une éolienne (faite maison) et des panneaux solaires, le compteur gaz par un poêle à bois à inertie, les toilettes à chasse d’eau par des toilettes à litière (ou toilettes sèches). Où l’on apprend a récupérer l’eau de pluie pour en faire de l’eau potable, à fabriquer un chauffe eau solaire avec deux bouts de cuivre cintrée, à composter les déchets organiques pour cultiver bio et s’auto-suffire alimentairement, à épurer ses eaux usées avec un lagunage de plantes hydrophiles.
Une quête de plus d’authentique et de moins d’artificiel, en ne sacrifiant rien au confort matériel et surtout au confort moral. Au delà des « performances », la redécouverte de ses propres facultés de créer et de faire, c’est la disparition de la peur, le bonheur de creér, de réaliser, de se réaliser, de s’assumer, de ne plus dépendre de ceci ou de cela bref ! Ce dont tout humain rêve : ÊTRE LIBRE.
Un pionnier de l’éco-construction
L’autre volet de l’intervention de Mr Baronnet portait sur l’autoconstruction écologique. Sa quête de liberté aboutie, il souhaitait faire profiter de son expérience et il créa un éco-centre, dédié à la promotion de l’éco-construction et plus largement de l’éco-citoyenneté.
Tous ces préfixes pour indiquer que l’éco-centre a vocation de promouvoir l’idée que l’on peut faire autant, plus, mieux, en respectant l’environnement, en se respectant. Que les techniques du passé (pisé, paille, terre crue ou cuite) permettent toujours de faire des maisons durables et confortable, qu’il n’est pas nécessaire d’utiliser un matériau industriel pour isoler sa maison (ex : Chanvre, laine, ouate de cellulose), qu’une maison « autonome » coûte moins cher à la construction et à l’entretien qu’une maison traditionnelle. Que l’autonomie, l’entraide, la liberté sont accessibles à tous, dès lors que la volonté est là.
Finalement, j’imagine que les Baronnet ont fait plus rêver leur auditoire qu’il n’ont fait peur ou pitié. Ils n’entraîneront pas la masse des auditeurs sur cette voie mais beaucoup resteront admiratifs du courage qu’il a eu de briser ses chaînes.
PS : En complément, sachez que les Baronnet ont eu 4 enfants et que M. était salarié à mi temps pendant toutes ces années…
Philou pour Cy-real.com
Merci mon Philou pour cet exposé inspiré. Pour être complet, rendez-vous sur le site www.heol2.org qui vous permet de visiter la maison autonome (virtuellement ou physiquement !), de commander l’excellent livre qui retrace leur parcours (De la maison autonome à l’économie solidaire), de connaître les dates des conférences, des stages d’auto-construction et de l’éco-festival annuel, et de découvrir comment construire vous-même une maison 3E (Ecologique, Economique, Entraide) pour moins de 20 000 euros de matériaux… Surprenant, je vous dis !