De 1990 à 2003, le Liberia a plongé aux enfers, devenant l’archétype de la guerre africaine avec son cortège d’enfants soldats (lire le terrible et merveilleux roman d’Ahmadou Kourouma, Allah n’est pas obligé), de mutilations, de massacres tribaux et de trafics de matières premières. Sorti du cycle infernal de la dictature et de la guerre des clans depuis deux ans, le pays vient de vivre ses premières élections présidentielles libres et démocratiques. Les Libériens, lassés de la guerre, attendent beaucoup du pouvoir légitimement élu.
Georges Weah n’incarnera pas le changement attendu. Il était mon favori, et celui de la jeunesse des bidonvilles dont il est lui-même issu, traumatisée par les conflits. L’image de l’ancien footballeur n’était pas ternie par la responsabilité politique d’une guerre qui a fait 250.000 morts. Mais Weah a perdu son pari au second tour.
Le candidat choisi démocratiquement par le peuple libérien est une candidate, et c’est historique. L’élection d’Ellen Johnson Sirleaf en tant que présidente est un symbole fort de la volonté de changement après les dictatures sanglantes de Samuel Doe et de Charles Taylor. Mais c’est surtout un formidable message d’espoir pour toutes les femmes africaines, qui se battent au quotidien pour survivre, faire vivre les leurs et accéder à un peu d’une légitime reconnaissance.
C’est l’espoir qui revient
C’est la vie qu’elles ramènent
Dans leur seaux bien pleins
Fatiguées mais toujours sereines
De la terre et des hommes
Elles sont les gardiennes
Oui tu sais les lionnes
Sont vraiment, vraiment des reines…
(Yannick Noah)
Ellen Johnson va faire de l’éducation une priorité parce qu’il s’agit du meilleur capital de l’Etat. «J’ai beaucoup d’expérience politique et un passé professionnel reconnu en dehors du Liberia. Je sais que je peux mettre cette expérience au service du pays et j’espère avoir la chance de pouvoir le faire.»
Ils sont nombreux à l’espérer. Parce que si “Allah n’est pas obligé d’être juste avec toutes les choses qu’il a créées ici-bas”, un chef d’état se doit de l’être avec ceux qui l’ont élu.