Jean-Louis Etienne a quitté Clipperton il y a quelques jours. Il a passé quatre mois sur cet ilôt français paumé au milieu du Pacifique. Son rôle : coordonner une expédition scientifique visant à réaliser un état de la Nature de cet atoll préservé, afin de comprendre et mettre en place les mesures de protection de la biodiversité et des grands équilibres planétaires.
Chef d’expédition, médecin, explorateur, aventurier, amoureux de la nature et des grands espaces, le “marcheur du pôle” (il avait notamment atteint le pôle nord en solitaire après 63 jours de marche en 1986) est parti cette fois en famille – et avec une équipe de chercheurs – sous des latitudes plus clémentes.
Pendant quatre mois, j’ai suivi son aventure sur Internet ou à la télé, à l’occasion d’une courte séquence vidéo hebdomadaire diffusée chaque vendredi dans la matinale de Canal +. National Geographic lui a également ouvert ses colonnes dans son numéro d’avril.
J’avais rencontré ce personnage hors du commun grâce à l’un de ses ouvrages intitulé “Le pôle intérieur, mener sa vie comme une aventure”. A n’en pas douter, une lecture marquante qui a certainement inspiré quelque part mon départ pour l’Afrique. Je me reconnaissais déjà dans ses aspirations et ses réflexions sur la vie comme en témoigne cette citation de l’espace profond…
Aller toucher le fond solide de soi-même, se décaper de son vernis et accéder à des repères personnels plus vrais exige une mutation douloureuse, qui ravive un sentiment d’autant plus intense qu’on a lié son destin au jugement des autres. (Dr Jean Louis Etienne, Le pôle intérieur).
A la lecture de son journal de bord de Clipperton, mêlant notes d’expédition et réflexions plus personnelles, Jean-Louis Etienne m’apparaît plus que jamais comme un homme d’exception, un grand sage, simple et paisible… Voici la note qui ponctue son carnet.
Demain je vais monter sur le canot et quitter le sol de Clipperton. Du bateau je verrai s’éloigner ce rocher mythique que j’ai regardé des milliers de fois, à toutes les heures du jour, comme un phare sur cette île déserte. Je sais que cette parenthèse du monde comptera parmi mes plus belles aventures. Plus qu’une expédition c’est une tranche de vie.(…)
Avec le matériel, on s’arrange toujours pour lui trouver une place, une fois revenu à la maison. Mais que va-t-on faire des nouvelles idées germées dans cet espace sans contrainte, combien de temps faudra-t-il pour s’habituer à l’agitation du monde, à ses chaussures de ville, aux klaxons des voitures, aux faits divers des journaux… Je sais par expérience que les conditionnements reviennent vite, je sais aussi que ces acquis “décalés“ apportent toujours un nouveau souffle à la vie. L’important c’est de partir ; le déséquilibre qu’engendre le voyage est toujours une opportunité de reconstruction personnelle. (Jean-Louis Etienne)
Ben, euh… tout pareil pour la conclusion de mon carnet de voyage africain !