Pour commencer, prendre l’autoroute du sud («route des vacances…») puis traverser le Rhône et se laisser gagner par les premières senteurs d’Ardèche. Entrer dans Balazuc, répertorié comme l’un des plus beaux villages de France…
Passer le pont qui surplombe l’Ardèche et suivre le chemin qui mène au Viel Audon… Un long chemin qui serpente entre les arbres, qui monte et qui redescend… Laisser la voiture en dessous de l’ancienne magnanerie (élevage de ver à soie). Contempler la vue sur les falaises et la rivière…
Puis, emprunter le petit chemin qui mène aux habitations en contrebas : bienvenue au Viel Audon !
Un siècle d’abandon et d’oubli avaient fait disparaître le site du Viel Audon sous les ruines et le lierre… Depuis plus de vingt ans quelques “utopistes” se sont mis en tête de faire revivre le Viel Audon. Ils ont créé une association qui organise chaque été des chantiers de jeunes. Plus de 9000 volontaires ont participé à la reconstruction du hameau, dont certains ont choisi d’en devenir les habitants d’aujourd’hui.
La ferme (30 chèvres, 2 vaches, une mule et un âne et aussi poules, canards, cochons, vers à soie, vergers et jardins maraîchers) est un exemple de gestion durable et raisonnée des ressources sur un territoire de garrigue. Agriculture, accueil et formation sont les bases du développement de ce projet où les modes de vie et les choix de consommation nourrissent la réflexion et la pédagogie…
En débarquant dans un endroit comme ça, le premier réflexe, c’est de se poser, pour apprécier le décor, la quiétude et la beauté du lieu… Le deuxième, c’est de partager un pastis bien frais sur la petite terrasse avec vue sur un environnement exceptionnel.
Au delà du site en lui-même, c’est l’esprit du projet qui m’a surtout marqué, et la qualité de vie que se donnent ceux qui sont les acteurs au quotidien de ce “village coopératif” qui est avant tout une formidable aventure humaine. Là-bas, on parle de développement durable, de respect de l’environnement, d’agriculture biologique, de commerce équitable et solidaire, mais ce ne sont pas que des appellations ou des concepts, ce sont de vrais principes de vie…
Il faut avoir un grain de folie pour imaginer faire revivre un hameau totalement en ruines et sans accès routier. C’est une sorte de défi qu’on se donne, peut-être simplement pour redécouvrir une force qu’on croyait disparue… celle d’une certaine volonté humaine… la volonté de ceux qui portent collectivement un projet d’une certaine dimension et dans la durée, la force de la détermination, de la solidarité face aux épreuves, celle qui, rappelons nous, a fait le paysage ardéchois; un peu de la foi aussi qui déplace les montagnes… C’est peut-être de cette énergie là dont nous avons besoin pour bâtir le monde de demain… si nous nous voulons plus conscients des incidences planétaires de nos actes quotidiens et plus solidaires dans nos modes de consommation et de gestion des ressources…
Alors, je rêve parfois moi aussi d’aller faire pousser des chèvres en Ardèche et de me rapprocher de la terre. Et de voir des initiatives telles que le Viel Audon fleurir un peu partout afin de contribuer à réconcilier la nature et l’homme…
Une planète qui nous a donné la beauté de l’Ardèche mérite bien qu’on prenne soin d’elle !
La maison près de la fontaine
Couverte de vigne vierge et de toiles d’araignée
Sentait la confiture
Et le désordre, et l’obscurité
L’automne, l’enfance, l’éternité…
(Nino Ferrer)
Je connais : un avant-goût du paradis terrestre.