Un quatrième ours slovène a été lâché dans les Pyrénées, déchaînant toujours plus de passions. Mais le vrai danger vient-il de l’ours… ou de celui qui est à l’origine de sa disparition ?
La réintroduction d’ours slovènes dans le massif pyrénéen ne se fait pas sans heurts. Les incompréhensions sont nombreuses entre certains éleveurs et riverains farouchement opposés à ce programme, et ceux qui défendent la biodiversité et l’importance de la place de l’ours dans les Pyrénées.
Je viens de lire sur Agoravox un excellent article qui remet les idées en place sur le danger présumé de l’ours pour l’homme, alors qu’un quatrième ours slovène (prénommé Balou ) a été lâché hier, et qu’un rassemblement de leurs défenseurs aura lieu aujourd’hui à Toulouse.
Qu’est-ce qu’on apprend dans cet article, preuves à l’appui ?
- que le régime alimentaire de l’ours est composé essentiellement de plantes (myrtilles, faines, glands, etc.), d’insectes, de petits rongeurs… pour moins de 15% de viande,
- qu’aucun être humain n’a été tué par un ours dans les Pyrénées depuis plus de 150 ans,
- qu’au cours des dix dernières années, des ours ont été aperçus à seulement soixante reprises (par des chasseurs, des éleveurs ou des randonneurs), en se carapatant ou en ignorant la présence humaine dans 97% pour cent des cas… et sans blesser personne dans 100% des cas.
Cet article vient conforter ma vision de gros mammifère essentiellement nocturne, solitaire et sans danger pour l’homme (personnellement, les hommes me font bien plus peur !). Dans une tribune pour Libération intitulée L’ours qui cache la forêt, Nicolas Hulot va plus loin et insiste sur l’importance de la préservation des espèces :
J’ai eu de multiples occasions de croiser des ours sauvages sous toutes les latitudes et j’entends bien qu’il faut se garder de l’image du gentil nounours comme il faut rationaliser aussi les risques d’agressions et de prédation (…).
On peut très bien décider que nos contingences et nos contraintes ne nous permettent plus de côtoyer le sauvage et que nos priorités rendent incompatibles une cohabitation avec tout un pan de la nature. En ce cas, ne le faisons pas en catimini et allons au bout de notre logique. Disons haut et fort que dorénavant, nous ne tolérerons que les animaux de compagnie, d’élevage, de cirque et de zoos. Et que, chez nous, loups, ours, lynx, mais aussi vipères, guêpes (autrement plus dangereuses) et autres perturbateurs de notre quotidien doivent être éliminés et qu’ailleurs baleines, dauphins, rhinocéros ou autres gêneurs des activités humaines doivent également disparaître. Je doute que dans ce monde-là, si un jour il advient, l’homme puisse survivre. Mais, au-delà de l’éthique mise à mal et d’indices de civilisation discutables, il n’y a pas une espèce qui n’ait sa raison d’être écologique et dont la disparition n’entraîne à court ou moyen terme un préjudice inestimable. Gandhi disait que «la façon dont une nation s’occupe des animaux reflète fidèlement sa grandeur et sa hauteur morale», et je n’oublie pas que le soin des bergers vis-à-vis de leurs moutons va dans ce sens, même si le destin des ovins n’est malheureusement pas de paître éternellement… Mais notre grand sage disait aussi quelque chose qu’aucun de nous ne peut ignorer tant la lourde réalité de nos sociétés donne raison à ces mots : «Le sauvage est un antidote indispensable à nos excès de civilisation.»
Alors à Palouma, Franska, Hvala et Balou, je voudrais tout simplement dire : dobrodošli ! (ça veut dire bienvenue en slovène). Je sais, ce n’est sans doute pas très évident de se sentir les bienvenus lorsqu’on est accueilli à coups de pots de miel remplis de verre pilé.
Et ce jour-là, l’homme aura peut-être cessé d’être un danger pour lui-même !
Bonjour !
J’ai un penchant certain pour l’écologie. Je me sens très concernée par la biodiversité, la conservation des espèces, qu’elles soient animales ou végétales. Mais je ne suis pas sûre de la pertinence de la réintroduction de l’ours – slovène – dans les Pyrénées. Contrairement au loup, il ne revient pas naturellement, et risque de ne pas retrouver sa place facilement dans la chaîne alimentaire. Ca n’excuse bien sûr pas du tout la réaction débile des opposants violents, ni le masacre que l’ours des Pyrénées a subi. Mais faut-il à tout pris réintroduire l’ours? Je me pose la question.
Bonjour Lilie,
Il y a eu quatre ours tués par des chasseurs dans les Pyrénées depuis 1994 (Claude, Melba, Papillon et Cannelle). Cannelle était en âge de procréer et l’unique ourse femelle autochtone recensée dans le massif des Pyrénées… Comment l’ours pourrait-il revenir “naturellement” dans ces conditions ? Lui a-t-on vraiment laissé la chance de revenir, et d’assurer sa survie ?
Il me semble légitime que l’homme répare les torts qu’il cause à la nature, ce qui arrive tout de même bien plus souvent que le contraire…
Bonjour Cy-real,
Le problème, c’est que les scientifiques ne font en général pas toutes les études qu’ils devraient, pour connaître les meilleurs chances de réinsertion des espèces. Ils se décridibilisent à cause de ça auprès des autochtones paysans ou simples résidents…
De plus, la réinsertion de quelques individus, même réussie, ne veut pas dire que l’espèce est sauvée. En effet, selon le type d’espèce, il ne suffit pas de quelques individus pour crier victoire et se dire que la population va se régénérer. Il faut que le patrimoine génétique soit assez important pour que la population soit viable.
Bref, je jargonne, et je ne suis pas sûre d’être assez claire et exacte…
Tout ça pour dire que ça n’est pas simple, même si je souhaiterais que l’ours soit toujours dans les montagnes de France et de Navarre !
Qui a raison, on voit tous que ce n’est pas facile, aimer la nature et vouloir la protéger impliqu’on connaisse ses lois et nous savons si peu… malgré notre
grand renfort d’experts et d’expertises…
La prise de position nuancée de la Confédération Paysanne fait aussi réfléchir..
Quand quelque chose rate , c’est qu’il y a quelque part un noeud bien serré,
si on demandait à Balou s’il avait envie de quitter sa Slovénie natale, pour venir nous aider à repeupler nos montagnes sans doute déjà trop civilisées
pour lui, je ne pense pas qu’il serait d’accord… c’est l’autre aspect du problème, un animal a éte´enlevé de force á son environnement , il a perdu ses repères et donc il disjoncte… c’est très simple a comprendre si on avance encore un peu dans la prise de conscience de ce que sont les relations dans le vivant, un animal a une conscience, les plantes aussi, même si ce n’est pas comparable avec les eéchanges entre humains, il se passe quelque chose, c’est de ce la que nous commencons á prendre conscience au XXI siècle et c’est URGENT de changer notre vision du monde…
maryse
J’arrive un peu tard
Oui Lili il faut, d’abord parce que ce n’est pas une réintroduction mais un renforcement de population et que les ours venus en renfort en 96/97 se sont parfaitement adaptés aux Pyrénées (Si on oublie une rencontre mortelle avec un chasseur).
La volonté de sauver l’ours, en dehors de l’interdiction de chasse a commencé en 74, mais il a fallut attendre 12 ans pour les premiers lâchers et 10 pour les suivants. Entre temps, les ours locaux sont morts ou ont été tués, jusqu’à la dernière femelle Cannelle en 2004. Un peu mou tout cela.
Pendant ce temps, la France donne des leçons à l’Afrique et l’Asie pour sauver les rhinocéros ou les grands singes. Il serait bon de balayer devant sa porte avant. Et nous n’avons pas le temps d’attendre que les ours italiens ou slovènes traversent les Alpes. A ce sujet, suivre l’histoire de l’ours Bruno qui s’était égaré…