Je connaissais Anne Sylvestre, sa maison pleine de fenêtres et ses fabulettes. Au-delà de l’interprète des chansons de ma jeunesse, je découvre une artiste rare, sensible, engagée, puissante. Et ce, grâce à Vincent Delerm, qui invite deux complices pour reprendre une chanson de la grande dame.
Une chanson que j’écoute toujours quatre ou cinq fois d’affilée, tellement ce texte me parle, me rapproche des gens, me rassure et me fait du bien !
“Les gens qui doutent”, Anne Sylvestre, 1977
J’aime les gens qui doutent
Les gens qui trop écoutent
Leur coeur se balancer
J’aime les gens qui disent
Et qui se contredisent
Et sans se dénoncerJ’aime les gens qui tremblent
Que parfois ils ne semblent
Capables de juger
J’aime les gens qui passent
Moitié dans leurs godasses
Et moitié à côtéJ’aime leur petite chanson
Même s’ils passent pour des cons…J’aime ceux qui paniquent
Ceux qui sont pas logiques
Enfin, pas comme il faut,
Ceux qui avec leurs chaînes
Pour pas que ça nous gêne
Font un bruit de grelotCeux qui n’auront pas honte
De n’être au bout du compte
Que des ratés du cœur
Pour n’avoir pas su dire
Délivrez-nous du pire
Et gardez le meilleurJ’aime leur petite chanson
Même s’ils passent pour des cons…J’aime les gens qui n’osent
S’approprier les choses
Encore moins les gens
Ceux qui veulent bien n’être
Qu’une simple fenêtre
Pour les yeux des enfantsCeux qui sans oriflamme
Les daltoniens de l’âme
Ignorent les couleurs
Ceux qui sont assez poires
Pour que jamais l’Histoire
Leur rende les honneursJ’aime leur petite chanson
Même s’ils passent pour des cons…J’aime les gens qui doutent
Et voudraient qu’on leur foute
La paix de temps en temps
Et qu’on ne les malmène
Jamais quand ils promènent
Leurs automnes aux printempsQu’on leur dise que l’âme
Fait de plus belles flammes
Que tous ces tristes culs
Et qu’on les remercie
Qu’on leur dise, on leur crie
Merci d’avoir vécuMerci pour la tendresse
Et tant pis pour vos fesses
Qui ont fait ce qu’elles ont pu…