Car le catéchisme, c’est pas ce que tu crois

Ce siècle sera religieux ou ne sera pas. Le lundi matin, ça cause religion et enseignement du catéchisme dans les wagons du TER. L’oeil de Philou était là, son oreille aussi !

Ce matin, dans le train, s’invita à mes oreilles une conversation forte et intéressante. Six copines manifestement heureuses de se retrouver le lundi matin m’ont sorti de la torpeur qui m’emprisonne chaque matin. Leur dissertation du jour évoquait alors, la problématique du catéchisme. C’est ce thème qui m’a sorti de ma léthargie, je me suis dit : « Putain ! y’en a qui arrivent à parler de catéchisme dans le train ».

A l'église pour un vélo...

A l’église pour un vélo…

Cette conversation m’entraîna aussitôt dans un flash-back salutaire que je vous livre. Je me suis souvenu avoir été versé sur les fonds baptismaux il y a déjà pas loin de quarante ans. Quoique précoce (c’est pas vrai mais j’aurais tellement aimé l’être !), je n’eus pas mon mot à dire, mes parents décidèrent pour moi de cette orientation religieuse. Huit années plus tard, la promesse à quatre ans d’une bicyclette me fit effectuer le grand saut vers la religion. Quatre années passèrent ou n’y les caresses viriles du père Sudre qui aimait beaucoup faire sauter les enfants sur ses genoux, ni les leçons à apprendre, ni l’austérité des sœurs catéchèses ne vinrent à bout de ma détermination à obtenir ce vélo si convoité. Enfin arriva le jour ou je défilais, absous de mes honteux péchés, pur comme de l’eau de source, vêtu d’une aube blanche et équipé d’un cierge vers le corps de dieu pour communier enfin avec lui. Je ressentis instantanément la selle de mon vélo sous les fesses et eus l’apparition de mon double plateau avant. Par la suite ma précocité mettant un temps pas possible à se manifester, j’effectuais une cinquième année bonus…

Aussi vous l’imaginez bien désormais, la discussion des demoiselles du lundi m’émoustillait et flattait mes souvenirs de jeunesse. Or sitôt passée cette introduction alléchante, l’une d’entre elles se mit a râler contre les horaires à la con ! Une autre rajouta que cela tombait en même temps que le volley de sa fille et qu’il était hors de question qu’elle ratasse son volley. Une troisième se sentit obligé de dire : « Attendez donc ! En CM1 il faut que les parents soient présents à la séance avec l’enfant » , une autre « heureusement ce n’est qu’une fois par mois ». Bref, dénigrement, critique négative et autres commentaires désobligeants.

A ce stade de leur discussion, feignant de lire l’article de Marianne sur les bondieuseries américaines, je me demandais pourquoi s’attachaient elles à l’idée de faire subir, pardon !!! de faire suivre le catéchisme à leur enfant si elles n’en acceptaient pas le fonctionnement et la rigueur. Je me questionnais aussi sur leur investissement de croyantes dès lors que leur démarche religieuse s’apparente à une attitude de consommateur. A contrario comment l’Église peut-elle espérer recruter des clients si elle n’améliore pas ses horaires d’ouverture, ses plages de rendez-vous et l’étendue des services proposés ? Bref mes questionnements atteignaient des profondeurs abyssales.

Jésus revient... (en DVD !)

Jésus revient… (en DVD !)

Sur cet entrefait l’une d’entre-elles lança à la cantonade : « Moi je vais acheter le DVD du catéchisme, il paraît que c’est bien ». Aussitôt une autre déclara : « Y’a Simone qui l’a acheté, elle m’a dit que c’était bien pratique », une autre « Mais on trouve cela où ? » , sur internet il y en a !, ainsi de suite. Je tombais des nues encore une fois. Comment cela, l’enseignement religieux par DVD ?!? Délocalisé à la maison !?!, entre deux dessins animés !?!, sans un prêtre touche à tout !?!, sans l’odeur cramoisie de la vieille salle du catéchisme (et de la vieille bonne sœur !) ?! Bref un mythe sans la mystique, une pièce de théâtre sans décor ; un enterrement sans Brialy, Claude François sans ses claudettes…

J’en avais assez entendu ! Je me disposais à quitter ma place pour m’en aller méditer sur cette terrible évolution des mœurs de mes concitoyens. Tout fout le camp mon petit monsieur… sous couvert de gagner du temps, nous sacrifions l’insacrifiable… En même temps les pseudo-contraintes invoquées se trouveront levées par ce nouveau mode d’évangélisation à domicile ! Que sais-je encore ?

J’ai fini par me raisonner. Grande était la désillusion mais je me suis dit qu’au final tous les moyens sont bons pour conserver un peu de clientèle, que la religion une fois n’est pas coutume collait à la réalité du monde qui l’entoure, que le discours protecteur et ancré dans les traditions dont elle se réclame ne souffre pas d’une entorse à la modernité quant cela est nécessaire et profitable. Bref que l’air du temps soufflait sur l’Église et de cela il faut se réjouir…

Philou