Les dix-huit ans de Liberté la brûlaient. A l’entendre, il fallait révoquer toute paresse, s’obliger à persévérer. Il n’était pas supportable de collaborer avec la médiocrité, de mener une existence sédative qui ne soit pas la vraie vie, un passe-temps métissé d’à-peu-près, sali de concessions. Merde ! Ils avaient mérité leur part de ciel, le droit de vivre mieux qu’un honnête brouillon !
Non décidément, les personnages d’Alexandre Jardin s’accommodent mal de tout ce qui est mesuré, contenu, banal. C’est sans doute ce que j’apprécie le plus chez cet auteur : sa vision grand format de l’amour et de la vie, son refus des petites existences, des aventures molles et des sentiments tièdes.
Futile et flatteur pour les uns, romantico-adolescent, immature et facile pour les autres… La critique n’a jamais épargné Alexandre Jardin, qui lui a souvent reproché de ne pas se renouveler. J’ai pourtant lu tous ses bouquins (et même relu certains plusieurs fois), sans jamais avoir l’impression de lire le même ! Qui pourrait dire que ses personnages sont identiques ? Par leur grandeur et leur folie, qui rendent possible toutes les aventures, sans doute… mais sûrement par leurs motivations et leurs aspirations. Liberté est extraordinaire de détermination, et aspire dramatiquement à quelque chose aussi unique qu’inaccessible : un chef d’oeuvre, sinon rien.
Je ne veux pas me contenter d’une petit bouchée de bonheur ! Qu’est-ce que j’y peux moi, si ma vérité doit provoquer des désastres ? Si toutes les catastrophes permettaient à une amour fou de naître, alors je raffolerais des décombres ! La vie n’a pas le droit d’être décevante.(…) Tu comprends papa, on n’a pas le droit de vivre petitement.
La lecture de Mademoiselle Liberté m’a fait vibrer du début à la fin. Ce roman est plein de vie, de folie, de magie, de surprise… et de sensualité («- Vous ne mangez rien ? – Rien que vous n’aurez déjà croqué ou effleuré de vos lèvres…»)
Je pense qu’un jour existera sur ce site un espace consacré à cet auteur que j’admire tant, que je rêve de rencontrer et que je mettrai sans hésiter dans la liste des personnalités qui me fascinent le plus.
[Edit juin 2002 : Cet espace existe désormais, sur un autre site…]
En attendant, lisez “Mademoiselle Liberté”, c’est du bonheur…