Effet secondaire espéré, la tenue de ce blog m’incite à chercher un peu plus loin tout ce qui est beau, bon, grand. Il contribue à l’éveil de mes sens, me fait voyager à la découverte de nouveaux bonheurs, me pousse à débusquer de nouvelles occasions de sourire, de nouveaux motifs de plaisir à partager…
Alors ? J’ai craqué sans hésiter sur ce recueil de poésie intitulé “Les cent poèmes du bonheur” (aux Editions Omnibus), qui a rejoint dans ma bibliothèque son petit frère, “Cent poèmes d’amour pour un siècle nouveau“.
«Le bonheur existe et j’y crois», disait Aragon aux heures sombres. Voici un cadeau, parmi cent autres qui lui donnent raison…
Le bonheur est partout
Une table en bois blanc,
Une pomme et un couteau;
À travers le carreau,
Un grand champ de froment.
Tu te tournes à droite,
Le bonheur est à droite;
Tu te tournes à gauche,
Le bonheur est à gauche.
Inutile, je crois,
De te demander pourquoi.
Pas plus que toi, l’horloge
Que le temps interroge
N’élève ici la voix.
(Maurice Carême)
En lisant ce poème pour la première fois, j’ai entendu un écho qui venait de ma bibliothèque. Je me suis levé, j’ai mis la main sur ce bouquin d’Henri Gougaud offert par ma cousine alors que je partais pour l’Afrique. Le récit du voyage initiatique d’un jeune homme en Amérique du Sud, à la rencontre de l’Autre… En quelques secondes, je retrouvais le passage que je cherchais :
Pourquoi ne vit-on pas ces choses plus souvent ? Elle sont si simples ! Mais qui se soucie de regarder un caillou ? On pousse devant soi quelques idées distraites qu’on croit indiscutables. Un caillou ? C’est moins qu’une plante. C’est sans valeur. C’est chaotique. Et le passant va son chemin, cherchant un ami peut-être, ou le sens de la vie, ou la maison de Dieu. Tout était là pourtant, sur le bord de la route, dans ce morceau de roc effleuré d’un oeil vague. Il aurait suffi de se pencher sur lui, et d’oser faire sa connaissance. Il aurait suffi de renoncer un instant à quelques certitudes, quelques suppositions. Il aurait suffi d’un peu d’oubli de soi, d’un rien d’amour. Si vous aimez les choses, elles viennent, elles vous parlent, elles se mettent d’elles-mêmes à votre service. L’amour que vous donnez à un caillou provoque l’éveil de l’amour endormi dans ce caillou, parce que dans toute chose il y a de l’amour endormi, du désir d’échange, des élans de gratitude qui n’attendent que d’être réveillés.
(Henri Gougaud, Les sept plumes de l’aigle)
Quand on vous dit que le bonheur est partout !