Vendredi soir, je me branche sur France Inter en sortant de l’école, pour un rendez-vous devenu un réflexe habituel avec Là-bas si j’y suis… Dans ma voiture, la voix grave et chaleureuse de Daniel Mermet m’accompagne et m’apaise, m’aidant à passer par-delà ce que m’inspirent les conditions de circulation d’un début de week-end.
Le reportage commence : ce jour-là l’animateur n’est pas en banlieue parisienne, ni sur les routes avec la France d’en bas. Il est au Mali, en pirogue sur le fleuve Sénégal…
C’était en février 2003. J’étais arrivé à Bamako, la capitale du Mali, au terme d’un voyage épique. Des amis m’avaient donné un contact, un numéro de téléphone… On est venu me chercher près de la gare. J’ai fait la connaissance d’Hamet, un jeune malien, exilé aux États-Unis pour ses études… j’ai été accueilli comme un frère. Dès le lendemain, il me conviait à me joindre à la grande famille qui se réunissait dans la maison des grands-parents à Dyo, un village à 45 km de Bamako pour la grande fête de Tabaski.
Et dire que j’avais quitté le Sénégal plein de regrets, en pensant que j’allais tout manquer de la grande fête !
A Dyo, de par mon statut de visiteur ami et inconnu, je suis dès mon arrivée l’objet de toutes les attentions au milieu de cette grande famille. Pour être dans le ton des tenues flamboyantes, j’ai revêtu un grand boubou sénégalais. On me salue, encore et encore, on s’empresse de me donner un siège, de me servir à boire, on me questionne sur la France et mon voyage, on me propose d’aller me reposer, chacun veille à mon bien-être et s’assure que je ne manque de rien…
Qui n’a jamais connu cet accueil-là ne sait rien de l’hospitalité. La journée se déroule ainsi, à son rythme, à l’ombre du manguier, l’arbre à palabres par excellence : s’y déroulent des débats politiques (la guerre en Irak et en Côte d’Ivoire), sociologiques (la place de la femme dans la société malienne) ou économiques (la mondialisation), entrecoupés de plats de mouton avec du mil, de verres de thé ou de jus de bissap… Si loin de chez moi, je vis des heures incroyables, entouré par des gens merveilleux : que du bonheur ! Moins de 24 heures après mon entrée au Mali, me voici adopté par une nouvelle famille africaine…