Voilà quelques années que je suis le parcours de Yohan Diniz avec la plus grande attention. Dans sa trajectoire personnelle comme dans l’exigence liée à sa discipline, je lui reconnais quelque chose d’extrêmement touchant… Rencontre(s) avec un athlète à part.
10 août 2006 – Championnats d’Europe d’Athlétisme à Göteborg (Suède)
“Yohan Diniz lève les bras et sous cette pluie qui n’en finit pas de tomber, il brandit le drapeau bleu, blanc, rouge.” Première rencontre télévisuelle avec ce drôle de personnage : Diniz devient champion d’Europe du 50 km marche. Sous la pluie, avec ses lunettes pleines de gouttes et ses cheveux qui dégoulinent, il exulte, seul, épuisé et heureux… Je me laisse toucher par sa joie.
Merci Yohan Diniz ! Grâce à sa victoire le Sparnacien (les gens d’Epernay) a propulsé la marche à la une des journaux. Evidemment, il ne faut pas se faire d’illusions, cela ne durera pas très longtemps. Alors qu’il en profite. Qu’il profite de cette lumière soudaine sur sa discipline. Une discipline trop méconnue. Combien de personne savent qu’un marcheur comme Diniz “marche” plus vite que la plpupart des gens ne courent ? Ces mecs marchent quand même à 15 km/h (…) Il ne peut pas y avoir plus bel exemple de la pratique du sport par passion. Ce mec bouffe plus de 150 bornes d’entraînement par semaine. Juste pour le plaisir. Pour que dalle… (Source : L’esprit du sport)
29 octobre 2006 – Arrivée de la Course Marseille-Cassis à… Cassis
Je viens péniblement de terminer ma première course Marseille-Cassis (20 km) en 1h58. Une heure plus tard, en remontant vers les navettes, je recroise ce visage dans une rue de Cassis, que je mets quelques secondes à identifier. Le champion d’Europe du 50 km marche est en train de s’étirer contre un muret dans l’anonymat le plus total. Yohan a mis 1h32… en marchant.
29 septembre 2007 – A charme forcé / Portrait dans Libération
Yohan Diniz a les honneurs de la “der” de Libé, avec un portrait pleine page signé Gilles Dhers et magnifiquement intitulé A charme forcé. Je découpe et sauvegarde précautionneusement la page (putain j’la retrouve plus depuis que j’ai déménagé !).
«Mon métier, c’est marcher. A temps plein. Douze, treize fois par semaine. J’essaie de me garder le dimanche après-midi. Certains parlent de sacrifice ; moi, je me dis que je suis un privilégié.» Il est sous contrat avec Adidas et avec un fabricant de lentilles oculaires, il est aidé par les collectivités locales et salarié par la Poste en tant que sportif de haut niveau. Il est capable d’avaler 220 kilomètres par semaine. Plus que n’importe quel autre marcheur.
22 août 2008 – Jeux Olympiques de Pékin
Rentré d’un voyage de sept semaines en Afrique, je suis de très très loin ces JO de la honte. Diniz abandonne au trentième kilomètres de l’épreuve du 50 km marche. « J’ai craqué, a reconnu le vice-champion du monde 2007. Mentalement, physiquement. Ça ne répondait plus. Et puis j’avais mal partout. J’avais mal aux ischios, au ventre, à la tête aussi. Pourtant j’étais prêt. »
(Bon, en fait, c’était pour protester contre le régime chinois et pour soutenir le peuple tibétain.)
27 juin 2009 – Festival Pic’arts à Septmonts (Aisne)
Je suis monté dans le ch’nord pour fêter le mariage des Packdelait. Le soir, nous retrouvons Yohan au festival Pic’Arts, avec la rue Kétanou et la flamboyante Olivia Ruiz en guests. A la buvette, une bière à la main, Yohan s’amuse des regards des gens qui s’étonnent qu’un sportif de haut niveau s’autorise des écarts ! En tout cas, nous passons une excellente soirée.
21 août 2009 – Championnats du monde à Berlin (Allemagne)
A l’occasion des championnats du monde de Berlin, Packdelait et une bande de bringaillous soissonnais sont allés encourager leur pote Yohan près de la porte de Brandebourg. Ils ont revêtu le tee-shirt Diniz Rêves Évolution, la boîte qui gère l’image de Yohan et dont le logo inspiré de l’image du Che (c’est celui que je porte désormais dans toutes les manifs !).
Mais… la police allemande ne plaisante pas avec les extrêmistes et la bande de joyeux supporters soissonnais doit convaincre les autorités qu’elle ne représente aucun mouvement susceptible de troubler l’ordre public !!
Diniz se classe finalement 12e alors qu’il faisait parti des favoris, terminant au courage. Après Pékin, il voulait absolument se prouver qu’il pouvait finir une course.
30 juillet 2010 – Championnats d’Europe d’Athlétisme à Barcelone (Espagne)
De retour de Dakar, j’ai acheté l’Équipe à Casablanca pour essayer de me tenir au jus. La course aura lieu le lendemain. Après deux désillusions aux Jeux de Pékin (abandon) et aux Mondiaux de Berlin (12e), Diniz ne fait vraiment pas figure de favori. Mais en arrivant à Lyon, je réalise que l’Équipe paraît au Maroc avec un jour de retard : la course a eu lieu le matin même et Yohan Diniz a survolé le 50 km marche de Barcelone pour décrocher son deuxième titre européen après celui obtenu à Göteborg en 2006 !
12 mars 2011 – Tentative de record du monde du 50 km marche sur piste à Reims
Ce mec doit avoir besoin de défis, de se mettre en danger. Mais ce jour-là, chez lui, devant tous ses potes, à Reims, c’est un record du monde qu’il veut mettre en danger : celui du 50 km marche sur piste détenu depuis 1996 par le français Thierry Toutain. Je suis la course sur Internet (sur France 3 Picardie) et aussi grâce aux textos de Packdelait, présent dans le stade.
Toutain avait démarré très fort avant de flancher, Diniz fera l’inverse : démarrer lentement, pour finir en trombe. Son entraîneur explique la tactique du jour : “accumuler du retard au début et le combler sans accélérer” (??!?).
Et ça marche : Diniz explose le record de plus de cinq minutes en 3h35”27″.
11 août 2012 – Jeux Olympiques de Londres…… ?
Forza Yohan !