Voici une merveilleuse légende énergétique : comme on produit des appareils et des véhicules de plus en plus économes, qui consomment de moins en moins d’énergie… on pourrait imaginer qu’on consomme de moins en moins d’énergie ! C’est pourtant loin d’être le cas, comme le montre le graphique ci-dessous, extrait du site Manicore tenu par Jean-Marc Jancovici :
En effet,dans le même temps, le nombre d’appareils et de véhicules ne cesse d’augmenter. On peut donc en déduire que plus les appareils sont économes, plus on consomme d’énergie…
L’énergie est devenu l’enjeu, et le combat du siècle.
Concernant les “esclaves énergétiques”, un petit extrait d’un bouquin génial : “Le plein s’il vous plaît” de Jean-Marc Jancovici et Alain Grandjean.
Avec un euro – 10 minutes de travail au SMIC -, je m’achète l’équivalent du travail humain de 10 à 100 personnes sur une journée ! (…) A travers sa consommation d’énergie, chaque Européen dispose désormais de 100 domestiques en permanence, qui s’appellent machines d’usine, trains et voitures, bateaux et avions, tracteurs, chauffage central, électroménager, tondeuses à gazon et téléskis. L’automobile est un autre exemple stupéfiant : les fameux “chevaux” de nos moteurs représentent réellement de “vrais” chevaux en termes de puissance fournie. Cela signifie que tout smicard a, aujourd’hui, les moyens de se payer un attelage de 60 à 80 chevaux pour le prix de 8 à 10 mois de salaire : aucun paysan français contemporain d’Henri IV n’aurait imaginé, même dans ses rêves les plus fous, que chacun – car il y a aujourd’hui en France à peu près autant d’automobiles que de ménages – puisse disposer un jour d’un attelage seigneurial dans son arrière-cour !
Une expression absurde, vraiment ? Nous sommes pourtant tous des esclavagistes en puissance. L’énergie ne vaut rien, parce que ni l’épuisement des ressources en pétrole, ni le coût du changement climatique ne sont inclus dans son prix…
Concernant les « esclaves énergétiques », lire cet autre texte Jean-Marc Jancovici… un peu technique mais éclairant.
La « démarche négawatt » s’intéresse non pas à « l’offre », mais aux besoins énergétiques. Elle repose sur trois piliers indissociables : sobriété, efficacité, énergies renouvelables. L’application systématique de cette démarche dans tous les secteurs, en ayant recours à des technologies « prouvées » (déjà existantes ou à la maturité technique et économique certaine à court ou moyen terme), a permis d’élaborer en 2003 un premier scénario énergétique « facteur 4 à 2050 » pour la France, qui a été mis à jour en 2006 et qui a appuyé un certain nombre de propositions de politiques et mesures.