J’avais coupé mon portable depuis au moins trois jours. On était le premier janvier. Je me suis dit que c’était le moment de le rallumer, pour compter mes amis… Non je déconne, j’ai horreur des vœux de bonne année reçus par SMS. Il s’en échange de plus en plus chaque année… ils sont de moins en moins personnels et originaux. Envoyés en trente secondes, lus en cinq, effacés en deux. Suivant… Quand la technologie simplifie le quotidien, elle nous ampute de créativité, de générosité, d’humanité. On communique plus facilement, mais les messages s’étiolent. Ils m’attristent plus qu’ils ne me réjouissent… cette année plus qu’aucune autre.
J’étais donc là, avec mon portable, guettant chaque signal annonçant l’enregistrement d’un nouveau message – d’un nouveau voeu, et je les entendais arriver (dans un ordre pas du tout chronologique). “Tous mes vœux pour 2009” a été expédié à 22h36 (le 31), alors que “amour santé bonheur prospérité pour cette nouvelle année” est parti à 00h10 le 1er. Un claironnant “que 2009 vous apporte tout ce que vous souhaitez” a été expédié à 03h28, tandis que le traditionnel “affectueuses pensées pour cette nouvelle année” est parti sereinement le 1er janvier vers 10h45.
Et puis, en conclusion de cette merveilleuse chaîne de “messages”, un petit dernier quelque peu différent :
Désolé de vous l’apprendre comme ça mais je ne me sentais pas d’appeler tout le monde… le bébé d’Ousmane et Baba est décédé la nuit dernière à N’Dangane… (…)
Cette fois, le message est bien réel, et c’est un coup de poignard. Il était dans ma messagerie depuis trois jours, et n’était pas destiné à se mêler aux vœux… bref. Mes idées s’embrouillent. Quel bébé ? Quel âge a aujourd’hui le petit Omar ? Ousmane était-elle enceinte quand je suis partie, il y a à peine six mois ? Entre France et Sénégal, les mois passent vite, je perds mes repères, j’oublie l’âge des enfants… Mais non, pas de doute, le bébé en question, c’est bien le petit Omar…!
Petit Omar, le quatrième garçon et dernier-né (le 3 mai dernier) de la famille, qui faisait déjà la fierté de son père, le gentleman Baba.
Petit Omar que j’avais vu si souvent téter goulûment la vie au sein de sa mère, la délicate Ousmane – ma sœur africaine.
Petit Omar, sur lequel veillaient tendrement ses frères Amadou, Aliou et Saliou.
Petit Omar, que j’avais quitté à N’Dangane puis retrouvé à Bignona au terme d’un voyage mémorable pour aller me plonger quatre jours au coeur de son incroyable famille de Casamance…
Que la terre du Sénégal lui soit légère !
Omar demna,
laïla o yay
Omar demna,
laïla o
Omar demna,
laïla o
Jalé bou rafet,
demna ni léDafa n’diolo(ne)
Bolé jessaye yay
Dafa n’diolo(ne)
bolé jessaye
Dafa n’diolo(e)
bolé jessaye
Jalé bou rafet,
demna ni lé…