La journée avait un parfum de vacances. J’ai quitté le petit studio de ma sœur pour m’aventurer sous les rayons du soleil du sud : il faisait chaud pour un mois d’octobre, et les tenues d’été n’avaient toujours pas été rangées dans les placards. N’en déplaise à Joe Dassin, l’été indien n’existe pas seulement dans le nord de l’Amérique.
J’ai mis le sac sur le dos, sorti les lunettes de soleil, et je suis parti sans but précis à travers les rues de Montpellier, léger, un petit sourire aux lèvres, en chantonnant :
Je connais ces terres, j’ai foulé ces pierres,
J’y suis déjà venu et j’y ai vécu…
Une sensation franche, cette lumière blanche,
J’ai enfin trouvé la paix que je cherchais…
(Florent Pagny)
J’ai emprunté le trajet habituel qui mène au cœur de la ville, là où tout vibre et tout vit : après avoir dépassé la place des Beaux-Arts, j’ai grimpé à mon rythme les escaliers du Corum, puis rejoint par la grande allée ombragée la place de la Comédie. Là, avec le beau temps, il y avait une foule extraordinaire, des gamins qui jouaient, des gens assis partout, sur les bordures, les bancs publics ou les pelouses… Quelques sons de djembé ont attiré mon oreille un instant. A la Comédie, le soleil rayonnait et les terrasses étaient pleines d’une joyeuse animation. Derrière, le dédale de rues piétonnes semblait lui aussi bourdonner. (Dans une ruelle un peu plus haut, un resto – le St Côme – propose un menu canard dont je me suis délecté deux semaines plus tôt : foie gras de canard, brochettes de canard et confit de canard…! Je ne saurais trop vous le conseiller.)
J’ai fait un détour par le centre commercial, passant plus d’une heure à la Fnac à feuilleter des livres de voyages, à lire les quatrièmes de couverture des romans ou à écouter le dernier album de Zazie. J’ai finalement acheté un roman poche. Sur le parvis du centre commercial en ressortant, un clown immobile attendait d’être réveillé par le bruit d’une pièce dans son chapeau posé à terre devant lui, avec un sourire fabuleux. Une jeune fille s’est approchée, a jeté quelques pièces et l’artiste s’est fendu de mille grimaces et mimiques pour la remercier, déclenchant les rires des badauds.
Je me suis éloigné, je me suis assis sur le rebord d’une fontaine. J’étais au soleil, il faisait bon, j’étais si bien ! J’ai commencé mon bouquin, un fabuleux roman à suspense de Marc Levy intitulé “Et si c’était vrai…”, que j’allais dévorer en moins de vingt-quatre heures. Voici d’ailleurs un extrait de ce bouquin qui conclut bien ce coup de coeur !
Combien réalisent chaque matin le privilège de se réveiller et de voir, de sentir, de toucher, d’entendre, de ressentir ? Combien d’entre nous sont-ils capables d’oublier un instant leurs tracas pour s’émerveiller de ce spectacle inouï ? Il faut croire que la plus grande inconscience de l’homme, c’est celle de sa propre vie… (Marc Lévy, Et si c’était vrai)