En 2012, il faudra compter avec moi

Tous candidats en 2012

Impose ta chance, serre ton bonheur, va vers ton risque… A te regarder, ils s’habitueront. (René Char)

Ça m’est venu un matin, comme ça.

J’ai décidé d’être candidat à l’élection présidentielle de 2012.

Je sais. Je n’ai ni expérience, ni parti, ni soutiens, ni ressources (à part un crédit sur 20 ans… ah ben non chuis con – c’est pas une ressource !). Je sais aussi depuis longtemps que le système politique fonctionne comme un corps : dès que je laisserai penser que j’y vais, tous les éléments du système immunitaire vont se mettre en place pour m’éjecter. Et je risque d’avoir un mal fou à réunir les 500 signatures d’élus (à ce jour, j’en ai seulement zéro). Mais j’ai un atout majeur : je suis arrivé en tête des primaires que je viens d’organiser, là, dans mon bureau, il y a deux minutes. C’est vrai, j’étais le seul candidat et le seul électeur. Mais j’ai eu 100 % des voix ! (“100 % aux élections, tu te rends compte ? Personne n’a jamais fait mieux…”) Je me sens donc totalement légitime pour m’engager dans cette bataille.

Je vous l’avoue, j’ai un peu hésité. J’ai d’abord pensé à la phrase : “Arrêtez le monde, je veux descendre…”. Sauf que, en fait, euh, ben non : j’ai pas envie de descendre. J’ai juste envie que le manège tourne mieux et pour tout le monde : un peu moins vite, un peu plus rond… Voilà 9 ans que j’ai un truc en travers de la gorge (depuis un certain 21 avril 2002) et depuis 4 ans, c’est de pire en pire (depuis un certain 6 mai 2007…).

Je suis de cette génération qui se souvient plus du 21 avril 2002 que du 10 mai 1981. De cette génération qui n’a jamais connu la joie simple de voir son camp (la gauche) remporter une élection présidentielle grâce à son vote. J’ai voté trois fois pour les présidentielles (1995, 2002, 2007),  et plus j’ai développé ma conscience politique, plus j’ai pris des claques. La France est un pays démocratique qui penche à droite, dont la majorité cautionne et accepte sans broncher une casse sociale sans précédent. Au point où on en est, faudra-t-il un accident nucléaire ou une vague “bleu Marine” pour prendre conscience du misérabilisme politique dans lequel on vit ?

Mais il n’y a pas de fatalité. Il est temps de sortir du nucléaire et de toutes les politiques basées sur la culture de la marchandisation, de la peur, de l’ignorance, et de la haine. Il est temps de se mobiliser et de montrer que “nous n’abandonnerons jamais l’espoir”. J’ai donc consulté ma base, questionné mon réseau, passé quelques coups de fil, et j’ai très vite senti que ma candidature répondait à une véritable attente. Alors en 2012, j’y vais. Et pas tout seul : j’ai déjà un comité de soutien, appelé à former mon gouvernement quand je serai élu. Il y a là des artistes, des auteurs, des résistants, des travailleurs sociaux, des militants, des journalistes, des rêveurs, un facteur-marcheur, certains sont même un peu tout ça à la fois… Sans le faire exprès, j’ai attribué un maroquin à un mort et j’ai même embauché un élu UMP, c’est dire mon ouverture d’esprit !

• Premier ministre : Stéphane Hessel
• Ministre de l’Économie circulaire et du Travail : Annie Leonard
• Ministre de l’Écologie et de la Biodiversité : Alain Hervé
• Ministre de l’Éducation et des Apprentissages Coopératifs : Sylvain Connac
• Ministre des Affaires étrangères et des Services Publics : Naomi Klein
• Ministre de l’Intérieur et de la Restauration du Lien Social : Alain Damasio
• Ministre de la Justice et de la Réparation : Stéphane Jacquot
• Ministre de l’Immigration et des Relations Nord-Sud : Jacques Lacour
• Ministre de la Culture, de l’Action sociale et des Solidarités : François Cervantes
• Ministre de la Ville et du Reboisement de l’Âme : Marcel Notargiacomo
• Ministre de la Remise en Cause et des Questions Existentielles : Stig Dagerman
• Ministre des Sports et de la Simplicité : Yohann Diniz
• Ministre de la Jeunesse, de la Diversité et du Métissage : Madjo

On m’objectera qu’avec seulement trois femmes, ce gouvernement ne respecte pas la parité, et ce n’est pas très cohérent alors que je lance un appel pour féminiser l’action publique. Mais j’ai une très bonne excuse : tous les hommes de cette liste ont une part féminine extrêmement développée.

Tout un programme !

Et puis, j’ai gardé mon meilleur argument dans cette campagne pour la fin : ce sera VOUS, heureux lecteurs de cet article ! Ouvrons les yeux deux minutes, je pars avec de sacrés handicaps dans cette campagne : je ne sais pas quels papiers il faut fournir pour être candidat, ni à quel bureau m’adresser ; il y a bien peu de chances que je sois invité au JT de 20 heures ; je n’aurai pas les fonds pour organiser une tournée de meetings (sauf peut-être ce lundi de Pâques, à l’occasion du tournoi de basket à Saint Jean de Touslas !) ; je n’ai ni attaché de presse, ni conseiller en communication, ni siège de campagne ; je n’ai pas le temps de tracter sur les marchés ; et puis, je n’ai pas très envie de me battre avec les militants des autres partis qui feront rien qu’à recouvrir mes affiches avec les leurs !… Je mise donc tout sur le “buzz” que va susciter ma candidature sur Internet, et que, grâce à l’engagement militant et citoyen que je vous connais, vous allez subtilement relayer auprès de vos proches / amis / collègues / ennemis.

• Mon site de campagne est déjà prêt, à l’adresse habituelle ;
• J’ai refait la peinture pour rénover le forum afin de faire vivre la Démocratie Participative à la Ségolène (comment ça il est moisi mon exemple ?) ;
• Et puis, j’ai enfin créé ma page Facebook (parce que j’ai besoin d’avoir plein d’amis pour être crédible !).

Évidemment, ce n’est qu’un point de départ. Nous avons un an pour préparer l’échéance, réveiller les gens, éveiller des consciences, faire naître des vocations de militants. 2012, c’est maintenant. L’élection d’un candidat engagé pour la cause sociale et écologique ne résoudra pas tous les problèmes, mais à l’instar de l’élection d’Obama aux États-Unis, rien qu’un président qui redonne de l’espoir, ce serait un sacré changement.

Voilà ce qu’il nous reste à faire pendant un an : gagner la bataille des idées et des propositions. Fabriquons de l’intelligence en commun. Multiplions les occasions de boire un coup ensemble, de rassembler des gens de toutes sensibilités, d’organiser des apéros ouverts à tous, des tables rondes, des débats, des manifs, des festivals, des conférences, des spectacles… Participons au changement, relayons et encourageons toutes les initiatives positives, dans la vraie vie comme sur la toile.

D’ici là allez au théâtre, lisez, ouvrez les yeux et les oreilles, visitez mon site de temps en temps, inscrivez-vous sur le forum, n’abusez pas des médias, prenez soin des autres – et du rock’n roll !

Ben Ali, Moubaraki, Gbagbi, Khadafi, Sarkozy, ça suffit !

En 2012 votez utile, votez Cy-real.

Note : le projet “Tous candidats 2012” est une initiative du mouvement Les Colibris, initié par Pierre Rabhi, “pour une insurrection des consciences”.