Voyage de noces, voyage de rêves

Le plaisir de raconter un voyage, une aventure, une rencontre. Une contribution de Mel, parce que “Yolande valait mieux qu’un tipi…”

Contribution proposée par Mel suite à l’appel Faites mes Devoirs !

Québec

Québec

Nous n’avons pas mis longtemps pour trouver la destination de notre voyage de noces.
On n’aime pas la plage (le sable ça gratte), on n’aime pas la chaleur, on n’aime pas les touristes qui aiment la plage et la chaleur.
Ça réduisait donc pas mal le secteur géographique.
On voulait : prendre un avion, découvrir un pays historiquement intéressant, le choix s’est porté sur le Québec… évidemment en plein mois d’août, en pleine célébration des 400 ans de Québec, le choix s’est aussi porté sur une agence et son circuit découverte avec réservation de l’hébergement à l’avance : un choix dont nous nous sommes félicité chaque soir.

La formule proposait des hébergements variés, allant du gîte à l’hôtel 4*, de la pourvoirie à la chambre chez l’habitant, du Novotel au… tipi.
On a hésité, le coup du tipi à douze par 5° dehors, ça nous plaisait moyen…. Mais nous sommes joueurs, et on a signé pour le tipi en se disant qu’à deux dans une couverture, on arriverait bien à se réchauffer sur le coup des cinq heures du matin.

Je vous passe le Novotel de Montréal… ça commence à devenir intéressant avec l’auberge du Trappeur, à l’entrée du parc de la Mauricie. Petits montagnards, nous ne sommes pas encore trop dépaysés par les rondins, les raquettes à neige géantes et l’hypothétique présence d’ours noirs mangeurs d’homme. C’est pas que ça grouille d’ours dans les Alpes, mais nous on préfère encore les loups, alors méfiance…

L’accueil québécois n’est pas une légende, et si on sait éviter les systèmes de fermeture de fenêtre anti-moustiques à la con, on est vite à l’aise chez nos cousins. Convivialité, simplicité et sincérité d’une activité basée sur le tourisme, c’est tout à fait compatible, nous en avons eu la preuve. La France a des progrès à faire, des exemples à suivre.

L’affaire se corse pour l’étape suivante. Il faut prévenir de notre arrivée au village par téléphone, celui de l’épicerie de préférence, et “on viendra vous chercher”. Le coup de fil passé, nous reprenons la route en suivant les petites flèches… route qui se transforme bientôt en piste sinueuse, dix kilomètres de poussière et de dos d’ânes, pas une âme qui vive, rien que nous et ces petites flèches vers un suspense grandissant.

La piste débouche enfin sur un parking de terre, au bord d’un lac. Quinze voitures abandonnées, comme la nôtre recouvertes d’une épaisse poussière, et un silence assourdissant. Face au lac : un ponton désert, un banc qui nous attend. On chuchote en débarquant la valise, et on pose pour une drôle de photo, aussi surréaliste que ce lieu.

quebec-mel-01Un bateau qui surgit de nulle part, un grand type en chapeau qui soulève la valise d’un doigt, direction le large puis un étroit passage au milieu des îlots de forêt. La destination ne serait sans doute pas la même sans cette longue approche, cette mise en condition qui nous prépare pour une rencontre hors du commun.
De loin c’est un camp de scouts, un village de tentes colorées pour jouer aux indiens comme dans les jardins de notre enfance. De près ça s’organise, prend de l’ampleur et impose le respect. C’est une reconstitution de village amérindien, avec ses lieux de vie, d’échange. On devine des bâtiments, on croit déjà tout comprendre…

quebec-mel-02Sur le ponton, prête à nous accueillir, à nous recueillir comme deux tourtereaux égarés, c’est elle. Une femme hors du commun, qui a transformé ce lieu à vocation touristique comme un havre d’échanges, un outil de communication et d’information sur l’histoire de son peuple, sur sa culture amérindienne. Yolande est une descendante d’un grand chef de la nation huronne-wendat. Elle pétille d’humour, mais porte le lourd fardeau d’une histoire bien triste. Deux noms, deux cultures, une double vie, une volonté de transmettre son héritage culturel au plus grand nombre par son talent : Yolande est conteuse, et ce soir elle va nous faire toucher les étoiles…

Cet été québécois est le plus pourri de tous les temps, il a plu chaque semaine depuis le printemps, et les tas de neige des réservoirs de stockage de Québec ne sont pas encore fondus. Mais ce soir il fait bon, la première vraie journée d’été, et on s’attarde un peu avant le repas. Préparé par deux cuistos saisonniers, servi par Yolande, nous dînons dans la salle commune qui sent la fumée. Nous sommes une vingtaine environ, touristes de tous bords et de tous horizons, à partager ce repas simple  : haricots, maïs, poulet. Yolande explique qu’elle milite pour remplacer le poulet par du gibier, plus conforme aux traditions culinaires amérindiennes. Les questions se bousculent, nous réalisons à quel point nos idées et notre image de “l’Indien” sont fausses ou mal ajustées. Son rire balaie nos préjugés, et rétablit quelques vérités.

Yolande

Yolande

Dehors nous prenons place autour du feu, les flammes dansent dans la nuit et Yolande surgit en costume traditionnel. Une cérémonie de purification par de la fumée de sauge, quelques chants, et la conteuse fait revivre des textes anciens, héritage oral de son peuple.
Il n’est pas possible de raconter en détail cette soirée, ce serait la dénaturer… Des étoiles innombrables, une voie lactée presque palpable, un moment très fort de partage avec Yolande, qui nous transmet en toute simplicité des valeurs essentielles. Nous avons chanté, dansé, nous avons ri de nous, de bonheur aussi.
Nous avons longtemps repoussé le moment de nous quitter, le grand feu se mourrait alors que dans chaque tipi crépitait déjà un nouveau foyer : tous les deux dans notre petit tipi de la tortue, nous avons passé le reste de la nuit à regarder le ciel étoilé avant de nous endormir.

Au petit jour nous avons marché dans la forêt, le jour se levait à peine et la nature bourdonnait déjà. Le lac fumait, il nous montrait la voie du départ. J’ai pris le meilleur petit déjeuner de toute ma vie, le sirop d’érable coulait sur les pancakes cuits au feu de bois.
Avant de partir, à la boutique, lui a emporté une belle casquette… j’ai raflé le dernier exemplaire d’un recueil de légendes édité par Yolande.

Yolande Okia Picard, du clan du Loup, est employée saisonnière à la Seigneurie du Triton. Elle travaille dans des conditions difficiles avec une santé physique diminuée. Au sein de la communauté huronne-wendat, elle tente de réunir les traditions orales des peuples amérindiens, de les sauvegarder en retrouvant les mots et la langue des anciens, de les transmettre à nouveau à l’occasion de conférences. Elle voyage, rencontre parfois des présidents ; elle habite pas très loin de Québec, à Wendake, que nous sommes par la suite allés visiter : la communauté wendat semble prospère, derrière le site touristique se cache aussi une belle revanche…

Voilà tout ce que je sais d’elle. Son univers, son histoire, son combat pour la survie d’un héritage, j’aimerais tant qu’elle l’écrive, qu’elle le raconte. Ne pas perdre, ne pas oublier.

Merci Yolande pour cette rencontre et ce si beau souvenir, au plaisir de te revoir.

Mel, pour www. cy-real.com

2 réflexions sur “Voyage de noces, voyage de rêves”

  1. lespri indien fait sont cour jusqu.an floride . yolande est ma cousine et sont pere etait mon parrin un homme qui m’etait d’une grande inspiration . je suis nee au quebec val d’or et jaimeraie dire que tout mon ame et mon art est imspirer de mes orige huronne . on peut quitter sont pay mais le pays nous quitte jamais . je suis artist paintre depuis 27 ans et mon art fait tourner des tetes je suis aussi artist tattouer et tout ce que je touche est relier a l’art . je crois que toutes situations , problemes et drames peut etre resolue par la spiritualitee et lart . la nature as beaucoup a nous apprendre et les indien ont comprie ca ca fait des lunes je vous aime tous sylvie bastien