Goldman, l’enchanteur

De retour de son concert, après 2h30 de magie, de sourires et d’émotion pure. Véritable marchand de bonheur, JJG ajoute de la vie à nos vies…

La sortie de son dernier album avait déjà été l’occasion d’un coup de cœur. Au risque donc de me répéter, de retour d’un concert époustouflant, je suis en admiration devant ce bonhomme-là. Pour sa musique, sa créativité, sa faculté à surprendre et à faire vibrer une salle entière à l’unisson. Mais aussi pour ce qu’il est, pour sa simplicité, sa générosité et sa sensibilité. Je retrouve en lui la grandeur d’âme d’un Michel Berger, un modèle, une référence qui fait écho à mes valeurs.

jjg-tournee-2002-guitare-754x400Goldman, une bête de scène ? L’expression lui colle mal à la peau – ce n’est vraiment le style du personnage – mais il se montre tel qu’il est. Jean-Jacques fait du Goldman, et c’est comme ça que je l’aime : intime avec son public, discret mais omniprésent, réservé mais capable de faire exploser la salle d’un mot ou d’un riff.

Délire

Le billet collector en 3D de la tournée 2002

Le billet collector en 3D de la tournée 2002

Pour chauffer la salle, match de basket gigantesque sur une musique techno envoûtante (c’était Bélénos, la BO d’Astérix, composée par lui-même !) Un panier de sept ou huit mètres de diamètre planté sur la petite scène en plein milieu de la fosse, deux énormes ballons qui rebondissent de mains en mains… Un quart d’heure de délire total en attendant l’artiste ! JJG arrive enfin, guitare à la main sur “je marche seul” pour traverser la scène et emprunter le passage jusqu’à la petite scène aménagée au milieu de la fosse. Bien renseignés, c’est là que nous nous étions postés, à cinq mètres de lui, trop bien placés !!

Fou-rire

Jean-Jacques assure lui-même sa première partie, tout seul avec sa guitare. «Bon, moi je suis juste là pour vous faire répéter les chœurs pour les chansons qui vont suivre. Mais vous inquiétez pas, après y’aura un vrai chanteur avec des vrais musiciens…» A l’aise, simple, avec ce p’tit sourire en coin qui fait tant craquer les filles, il enchaîne à plaisir les accords et le public se chauffe la voix. Une minute par refrain pas plus, et une énorme connerie pour faire marrer tout le monde entre chaque chanson. Fais-nous encore rire, fais nous encore chanter Jean-Jacques !

Magie

Mon frère avait prédit : “on ne peut pas rater le concert avec un album pareil”. L’esprit de l’album est intact, et le concert est à la hauteur du chef d’œuvre qu’est Chansons pour les pieds. Un plaisir décuplé à entendre et à reprendre en chœur les textes de ces chansons si souvent écoutées depuis six mois. Le bonheur de chanter en canon sur “Ensemble”, des frissons sur “Je voudrais vous revoir”, le feu sur “C’est pas vrai” et sur “Les choses”, la magie avec les valseurs de “Tournent les violons”

Mais ma chanson coup de coeur, c’est “Et l’on n’y peut rien”... Déjà séduit sur l’album par la mélodie entraînante, par les sonorités, par les textes et le message délivré, plus optimiste que fataliste. Sur scène ? Alors que la chanson fait déjà danser la salle entière, une troupe de trente danseurs style “River dance” débarquent pour mettre le feu, dansant ensemble comme un seul homme. Un moment de liesse collective, un déchaînement de bonheur pur, un déferlement de joie de vivre qui me fait chavirer…

Émotion

Et puis il y a l’hommage, sur la chanson “Juste après”. Glissé comme ça, sans un mot et sans en faire trop, au milieu de la chanson. “A-t-elle écrit une lettre, fini un bouquin peut-être…” Et la voix de Carole qui enchaîne : “… une cigarette…”, avant de s’envoler dans le solo de blues qu’elle interprétait sur les tournées précédentes.

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Carole Fredericks live – Juste après
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Pendant ce temps sur l’écran géant défilent les images de la “big fat mamma singing the blues”, disparue il y a bientôt un an, déjà. En train de chanter de tout son coffre, en train de rire avec la joie qui était la sienne, ou le regard plus grave… J’ai des frissons, mon frère Lolo avouera avoir échapper une larme, l’hommage est magnifique.

@ lire sur ce blog : Salut Carole…

Envol

Envole-moi...

Envole-moi…

Rappel organisé, après le défilement du générique sur l’écran. Bientôt voici “Nuit”, qui s’enchaîne dans un jeu de lumières terrifique avec “Envole-moi”, et la scène qui décolle ! Et puis la dernière, une chanson qui prend inévitablement un sens particulier pour moi à quelques mois de mon grand départ : “Puisque tu pars…” Lolo vient m’embrasser dans un sourire comme pour me la dédier, je passe la chanson en serrant Nanie et Patal dans mes bras.

Dans ton exil essaie d’apprendre à revenir, mais pas trop tard…

Lolo sourit encore en me répétant : “pas trop tard !”… avant de me confier quelques minutes plus tard : “elles te collent trop bien à la peau les paroles de cette chanson…”

En attendant, c’est Jean-Jacques qui s’en va, un Jean-Jacques “trop grand, trop beau, trop fort, trop cohérent…” que je ne pourrai malheureusement pas revoir à l’automne prochain ! Mais les souvenirs que me laisse cette soirée m’accompagneront là où je pars…

Bonus ! Un autre regard…

(Texte reçu par mail d’une jeune fille passionnée de JJG)

« Ça fait des mois qu’il a son billet,
demain c’est la nuit de sa vie,
Goldman’s in town tonite » !!

Des mois qu’on l’écoute à tue-tête dans la voiture, histoire de connaître tous les refrains, toutes les paroles. Des mois qu’on a les billets et qu’on attend le jour J. Le jour JJG ! Surtout ne pas oublier ce rendez-vous unique et immanquable.

Fini le boulot, derniers kilomètres pour s’échauffer, l’impatience monte jusqu’aux lèvres, sourire en coin, plus vite. On se retrouve, se remplit le ventre et c’est parti. Déjà les parking sont pleins, les gens affluent vers les entrées, on est au bon endroit, au bon moment ! Ouf !
Prendre place au milieu de cette foule d’inconnus, tous réunis pour la même chose. On se faufile, se bouscule, avance encore un peu pour être au plus près de la scène, de lui. Ayez on est en place, il n’y a plus qu’à attendre le coup d’envoi.

« C’est l’attente, on cause, on fume en buvant des bières,
plus que deux heures, deux heures à tirer
et tout est près pour la bataille
un accord et tout va sauter
Goldman’s in town tonite »

Le coup de sifflet est donné pour une première partie, comment dire, sportive ! Pourquoi pas ! Deux immenses ballons passent de mains en mains pour atteindre le panier de basket planté au milieu de la scène. La salle pleine à craquer se divisent en deux équipes. Les rouges annoncent la couleur et marquent le premier panier. Ils prennent de l’avance, les bleus avec leurs deux mains gauches font des ratés à répétition. Ayez ils ont chopé le coup et les buts s’enchaînent. Les supporters s’égosillent, tapent de mains. Mais les rouges ne lâchent pas et l’écart se creuse pour atteindre en fin de match le score pitoyable (j’étais bleue !) de 10 à 20 ! Quelle équipe ! Rien de tel pour se mettre dans le bain !
D’un coup les lumières s’éteignent. La pression monte, des cris émanent de toutes la salle accompagnée d’un battement de main incessant jusqu’à ce que les premières notes se fassent entendre.

« C’est parti, ça l’prend partout de bas en haut,
ça l’secoue jusqu’à la folie
la basse au ventre et les grattes dans la peau
il est à deux mètre de lui »

Il est là, il fait ses premiers pas sous mes yeux ébahis. Juste là, tout près, il marche seul vers le centre de la scène et la nuit le pardonne. A ce moment précis j’m’en fous de tout, de ces chaînes qui pendent à mon coup, j’m’enfuis, j’oublie, je m’offre une parenthèse, un sursis. Quelle émotion, presque les larmes au yeux, dites donc ! Pensais pas. Tranquillement il s’installe sur un tabouret au milieu de la foule en délire. Le délire commence et c’est la répétition des chœurs, c’est à dire nous ! Plusieurs chansons sont passées au crible pour être sur qu’on maîtrise : Poussière, Ensemble, C’est pas vrai, …Au top, facile pour nous.

Dans nos silences, le vide immense, quelqu’un s’avance… Discrètement les musiciens prennent place, attention…dans ce désert, torride enfer, une poussière…Petite fille de novembre, perdue au milieu de la foule, entre deux pas de danse, garde-nous juste un peu d’espoir. Les chansons s’enchaînent comme un conte, sa voix m’emporte vers d’autres horizons, d’autres lieux, d’autres paysages…Et les mains se lèvent, bien ouvertes pour acclamer. Quand on ouvre nos mains, suffit de rien dix fois rien, suffit d’une ou deux seconde, à peine un geste, un autre monde. Les bras se rabaissent doucement et le soleil se lève pour en faire un rêve plus loin… Encore un matin, un matin pour rien, une argile au creux de mes mains… Flash back : petite chansons destinée aux plus de cinquante ans que se retrouve devant une photo de classe et se laisse emporter par leur nostalgie jusqu’à vouloir vous revoir, mais pas par hasard, juste pour savoir : Avons- nous bien vécu la même histoire ?

Il est magnifique dans son Tee-shirt noir et son jean, et ces rangots au pied, quelle allure !! Tout en simplicité ! Et ce regard, cette voix, sa guitare…bon d’accord ! Accompagné de son fidèle acolyte Mickael Jones ! Forcément. Mais il manque quelqu’un. Comment font-ils juste après ? La chanson commence, d’abord Goldman, puis Mickael Jones et venus de nulle part la voix de Carole Frédéricks se fait entendre et son visage apparaît sur l’écran géant… Émotion intense aussi bien sûr et sous la scène. Tout le monde applaudit, pleure en silence et se joint à leur peine. Hommage magnifique à cette voix magique. C’était des ailes et des rêves en partage, c’était des hivers et jamais le froid, c’était des grands ciels épuisés d’orage, c’était des paix que l’on ne signait pas…souvenirs, en passant…Ces raisons la qui font que nos raisons sont vaines, ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard…et l’on n’y peut rien.

« Le paradis c’est ici, c’est l’enfer !
c’est les flammes au fond des entrailles
y’a rien qui ressemble à ces concerts »

Les musiciens s’agitent sur scène, le public s’enflamme accompagné d’une troupe de tambours. Lui, au centre de la salle, un pipeau au bec, dialogue avec une flûte traversière, ils parlent d’amour évidemment. La vie c’est mieux quand on est amoureux…Après cette gigue, les violons se mettent à tourner dans tous les sens, les lumières tournent, la scène tournent, il tourne, on tourne, les danseurs font la tarentelle derrière un voile illuminé de milles feux, et tourne les vies, tournent et s ‘en vont, tournent les violons ! Tous les musiciens sont rassemblés sur quelques mètres carrés, plus conviviale, ensemble quoi…Les chœurs bien chauds se font entendre et s’élèvent, quand le temps nous rassemble, tous est plus joli, ensemble…Ensemble, ensemble, ensemble…Mais où est ce qu’on va comme ça tous ensemble ? Oh belle, on ira, on partira toi et moi, où je sais pas, y’a que les routes qui sont belles et peut importent où elles nous mènent. On y va. Tout le monde le suit. Direction une plage de sable fin, la chaleur caressant les peaux qui se rapprochent, c’est chaud, très chaud, les vagues frôlent les visages mais attention à mes cheveux, et la clim elle est où, et la voiture, et le téléphone portable, fini le pique nique, adieu le romantique, sans choses je n’existe pas, les regards glissent sur moi, je crève de ce que je n’ai pas. Prisonnier des choses. C’est plus je pense mais j’ai donc je suis. Définitivement prisonnier des choses. Les barreaux nous entourent mais si on était né en 17 à Leindestat ? Aurait-on été meilleurs ou pire que ces gens, si nous avions été allemands ? Qu’on nous préserve si longtemps d’avoir à choisir un camp.

“Et partout ça mitraille,100 000 vérités, on jure, on clame, on braille, ça vient de tous les cotés, mais c’est pas vrai…”

Les sondages sont fiables à 100%.
C’est pas vrai.
Sans piston on arrive à rien.
C’est pas vrai
Je ne démissionnerais pas je le jure.

Il suffira d’un signe, un matin, un matin tout tranquille et serein…
C’est pas vrai.
Quelque chose d’infime, c’est certain,
c’est pas vrai,
c’est certain,
c’est pas vrai…
Aller au revoir, pas de rappel,
c’est pas vrai,
non, non pas de rappel,
c’est pas vrai…

La foule n’en peut plus, encore, toujours plus, une autre, une autre, ce moment ne peut pas, ne peut plus s’arrête, les applaudissements redoublent d’intensité à l’apparition d’une bande annonce. C’est pas du cinéma. Les images du concert défilent devant nos yeux pleins de transpiration, les noms défilent, Carole Frédericks réparait, accalmie. Les mains brûlantes ne cessent de se rejoindre dans un bruit régulier, les jambes engourdies ne cessent de s’agiter pour continuer le voyage. Envole-nous, loin de cette fatalité qui colle à ma peau, me laisse pas là, tire-moi de là, envole-moi…Tous de retour, ils nous libèrent de nos chaîns et décollent pour un dernier moment, à coup de livre nous franchiront tous ces murs…ENVOLE-MOI…

Les scènes qui décollent c’est bien beau mais rien de tel qu’une guitare, un public, un tabouret, une chanson pour se dire au revoir, puisque tu parts, puisqu’il n’est pas de montagne au-delà des vents, plus hautes que les marches de l’oubli. Dans ton histoire garde en mémoire notre au revoir…

Plaisir intense, émotions fortes, ambiance folle, énorme, du grand JJG, tout, tout y était pour passer un moment inoubliable, à 200%.

« Et ça fait si vide après
quand la vraie vie revient
quand on l’a vu saluer
et qu’il faut reprendre son train… »

MERCI !!

by Mathilde – 23 mai 2002